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Au cœur de l’hiver, l’appel de SOS Méditerranée

5079 victimes ont été recensées en 2016, c’est le plus lourd bilan jamais enregistré dans toute l’histoire de la Méditerranée. Ce chiffre terrible est une estimation : il ne tient pas compte des bateaux qui ont coulé sans témoin, sans survivant.

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Journal de bord - 12 janvier 2017

La tragédie continue en Méditerranée, en plein cœur de l’hiver. Depuis le 1er janvier, 4 sauvetages ont été menés par SOS MEDITERRANEE sur la zone de sauvetage face aux côtes libyennes. Ce sont plus de 400 personnes qui ont déjà été secourues par nos équipes sur cette nouvelle année, et 1535 en un mois ! Ces rescapés, accueillis à bord avec beaucoup d’humanité par les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE et l’équipe médicale de Médecins Sans Frontières, nous donnent la force de poursuivre. Des hommes, des femmes, des enfants, ayant subi d’innombrables exactions et prêts à tout pour quitter la Libye. A chaque fenêtre météo favorable, déjouant les pronostics sur la « saisonnalité des migrations », les traversées se poursuivent. Il n’y a pas de saison pour fuir l’enfer.

Mais notre navire l’Aquarius, rejoint récemment par un plus petit bateau humanitaire d’une ONG espagnole, reste la seule grosse unité de sauvetage actuellement déployée en Méditerranée, sur une zone grande comme la Corse. Nos équipes font face aux limites des moyens engagés et ne peuvent répondre à toutes les situations d’urgence en mer. Des embarcations en détresse, signalées par le Maritime Rescue Coordination Center de Rome, continuent à disparaître au large des côtes libyennes sans que personne ne retrouve leur trace.

Le 3 janvier, alors que l’Aquarius venait de procéder à son deuxième sauvetage, six embarcations en danger ont été signalées par les autorités italiennes. Seulement trois ont été retrouvées et ont pu être secourues, l’une par nos sauveteurs, dans des conditions extrêmes. L’Aquarius, qui avait déjà 375 rescapés à bord, est resté engagé pendant des heures dans des opérations de recherche sur la zone indiquée par les autorités. Ces recherches sont restées infructueuses. Trois embarcations disparues. La nuit dernière encore, même scénario : une barque en bois a été secourue par nos équipes, mais un bateau signalé par le MRCC n’a pas pu être retrouvé.

Disparus à jamais aussi dans notre mémoire, engloutis par les flots. L’Organisation Internationale des Migrations, sur cette même période, enregistre huit décès en Méditerranée centrale. Où sont les disparus de ces embarcations ? Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Comment leurs proches seront-ils avertis ? Qui leur rendra hommage ?

Nous appelons à une vaste prise de conscience. Aucun de ces bateaux de la mort n’atteint plus jamais les côtes italiennes par ses propres moyens. Pour eux, aucune alternative : être secourus, ou mourir. Plus que jamais, nous appelons les Etats et l’Union européenne à prendre leurs responsabilités devant cette catastrophe annoncée. Il est impératif et urgent de mettre en place un dispositif de sauvetage adéquat en Méditerranée.

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