La presse anglo-saxonne annonce le décès de obstétricien français Frédérick Leboyer. Et la presse française?
L'Obs-Rue99, Renée Gresard - 13 juin 2017
Le 25 mai dernier un vieux monsieur de 98 ans est mort sans qu'aucun média national n'en parle. Il était important pourtant.
C'est grâce à ce monsieur là que nos enfants naissent aujourd'hui de manière plus douce, sans être frappés ou tenus la tête à l'envers par les pieds (on pensait alors qu'un nouveau-né devait hurler à la naissance).
C'est grâce à Frédérick Leboyer qu'on pose le bébé sur le ventre de sa mère (ou de son père) quand il est sorti. On appelle cela du peau à peau et c'est une pratique très répandue désormais dans les maternités, en France, comme ailleurs.
Pour le présenter, on pourrait dire de lui qu'il était obstétricien. Mais ce serait très réducteur. C'était un poète, un humaniste, un penseur.
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"Leboyer propose d’accueillir le nouveau-né dans le silence et la pénombre ; il n’a pas besoin de soins immédiats. Il doit être posé délicatement sur la poitrine de sa mère, être massé doucement, et y rester le temps qu’il s’habitue à son nouvel environnement. S’il est traité de la sorte, il ne crie pas. Le cordon ombilical est coupé quand il a cessé de battre. [...]Et peu à peu, le bébé se détend, s’épanouit et ouvre les yeux."
"En 1972, avant de publier son ouvrage, il veut être sûr que sa méthode n’est pas nocive pour les bébés et il demande à la psychologue Danielle Rapoport de pratiquer sur 1000 enfants nés dans cette clinique des “baby-tests“. Quand elle lui confirme que ces enfants vont bien, en 1974, il publie au Seuil son livre, "Pour une naissance sans violence"."
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Aujourd'hui, si des études ne cessent de confirmer ses intuitions (le peau à peau est bénéfique pour les enfants et cela se confirme même des dizaines d'années plus tard) ; les bébés ressentent la douleur comme les adultes), à l'époque, on l'a juste pris pour un fou.
Et Marie-Hélène Demey se rappelle :
"La France a été extrêmement sévère avec lui. Elle l'a combattu. Il a rendu son diplôme a la faculté de médecine dans un geste de rébellion. Mais il en a beaucoup souffert. [...] C'est un homme qui mérite un hommage."