Billet du jour sur la page facebook de notre association:
Jeté par l'A.S.E. en février (18 ans) pour "mauvais comportement", A. était alors considéré d'après le rapport de situation le concernant comme un jeune "nonchalant", le contrat jeune majeur qui lui avait été octroyé avait d'après l'éducatrice "stoppé sa progression , fallait-il y voir une relation de cause à effet ?" !, il était "menteur", "dissimulateur" et j'en passe...
Aucune démarche n'avait été engagée pour ses papiers
A. est un grand gaillard aux cheveux de jais, une tête d'enfant sur un corps d'homme, toujours un peu voûté comme s'il avait peur de se montrer.
Nous l'avons recueilli fin février, il était à la rue, l'A.S.E. lui avait acheté avec son argent de poche un billet pour se rendre à Paris !
A son arrivée A. était épuisé, désorienté, perdu. Il a dormi pendant 3 jours !
Nous avons fait le point avec lui, il voulait surtout retourner à l'école . Nous l'avons re-scolarisé avec l'aide du CIO et du lycée de la ville.
Au terme de l'année scolaire il a eu un bulletin de 3eme trimestre élogieux, unanimement décrit par l'ensemble des professeurs comme un élève "volontaire et motivé". Il est inscrit en CAP métiers de la mode pour la prochaine rentrée.
A la Préfecture hier, en réponse à sa demande carte de séjour, il a obtenu un récépissé de 6 mois.
Pendant l'attente son stress se lisait sur son visage d'enfant "vous croyez qu'ils vont le donner Madame?". Je ne pouvais lui répondre, inquiète également compte tenu de la situation ...
Ils lui ont donné ce récépissé et je les en remercie. A. est méritant . Sa joie a explosé !
Je me suis interrogée sur la différence entre le jeune décrit dans le rapport social et celui que nous connaissons . Pourquoi , que lui manquait il donc ?
Je crois que j'ai une réponse à cette question : un peu de considération et de soutien "humain", des gens qui se soucient de lui, de son avenir avec bienveillance simplement .
A. ne perçoit rien de l'A.S.E. ni de personne actuellement. L'association s'occupe de lui à la hauteur de ses moyens, il sait que c'est difficile mais il sait aussi que jamais nous ne laisserons à la rue avec un billet pour Paris
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J'ai lu le rapport éducatif et social.
J'ai lu le bulletin scolaire....
et je me suis rappelé le tout premier livre,
d'un certain Fernand Deligny,
que j'avais ouvert pour la première fois peu après mes début
comme "éducateur préstagiaire"(c'était le terme à l'époque) .
ep
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PUISQU'IL
est entendu que tu cultives l'ivraie, le chardon, le coquelicot et la nielle, attends-toi à voir venir les cultivateurs, bien à l'aise dans leurs sabots, regarder ton champ et dire :
« Voilà la nielle, l'ivraie, le coquelicot et le chardon qui infectent nos champs, soignés comme il ne viendrait pas à l'idée de soigner le blé. »
Si tu aimes un peu faire rire à tes dépens, réponds, les yeux au ciel et les mains ouvertes:
- « Oui : et je crois que la récolte sera belle:..
Mais il reste entendu que la graine de crapule c'est tout de même de la graine d'homme.
Ou alors, tu serais aussi fou que lu en as l'air. "
.../...
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CELUI-CI
crie et gesticule, t'assaille de projets et de réclamations ; celui-là dort et dort sans rêves.
Tu te dis : l'œuvre est facile; je vais réveiller l'endormi et calmer l'agité.
Et tu n'y arrives pas parce que c'est impossible, que la plante est dans la graine et que la graine est déjà plante.
Trouve pour l'agité un travail qui occupera utilement son agitation et apprends à l'endormi à travailler en dormant.
Ce faisant, tu ne seras pas aussi fort que le bon Dieu mais tu auras fait ton possible."