fondazione Erri de Luca - Erri de Luca, le 19 décembre 2022
J'ai connu dans l'autre siècle une jeunesse qui a été tué par des dictatures.
En Argentine, ils utilisent le mot desaparecidos, disparus, pour ces jeunes gens. Lancés d'hélicoptères, d'avions, dans l'Atlantique, attachés deux par deux, la plupart d'entre eux n'ont même pas été retrouvés.
Ils étaient des jeunes martyrs, ce qui signifie littéralement des témoins. Ils étaient des témoins même lorsqu'ils ont été supprimés. La junte militaire qui les a tués a été renversée et, peu à peu, les meurtriers en uniforme ont dû répondre de leurs crimes.
La même chose est arrivée aux militaires chiliens.
Ces deux exemples permettent de prédire que les despotes d'Iran, meurtriers de leur jeunesse, seront également appelés à être jugés. Les tyrannies ont une fin inexorablement établie.
Les troupes envoyées pour tirer sur les personnes sans défense dans les rues ont l'illusion d'être couvertes par l'immunité de service. Il ne leur servira à rien de dire qu'ils ont obéi aux ordres : la recherche misérable de circonstances atténuantes ne les disculpera pas.
La jeunesse iranienne s’est soustraite de l’autorité des tenants du pouvoir religieux. Elle apprend à se connaître, à connaître son pouvoir d'engagement et sa capacité à se répandre partout dans son vaste pays.
Elle ne demande pas de réforme, mais la liberté, la plus irréductible des demandes.
La théocratie qui leur tire dessus avec des tireurs d'élite et dont les bourreaux pendent des jeunes garçons, blasphème le nom de la divinité. Sacrée et sainte est la lutte civile d'une jeunesse pour la conquête de sa liberté.
Elle ne sera pas desaparecida. Au contraire, elle fera disparaître ses persécuteurs et condamnera ces noms à l'infamie.
traduction e.p.
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