eugénio populin (avatar)

eugénio populin

retraité

Abonné·e de Mediapart

1032 Billets

4 Éditions

Billet de blog 29 mai 2015

eugénio populin (avatar)

eugénio populin

retraité

Abonné·e de Mediapart

Le mur invisible du canal de Sicile

Le site du journal internationale.it a publié une série de  six reportages vidéos intitulés Borderline. J'ai pensé partager la sixième vidéo de cette série en complément des billets que j'ai déjà proposé ici sur le thème de l’immigration.

eugénio populin (avatar)

eugénio populin

retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le site du journal internationale.it a publié une série de  six reportages vidéos intitulés Borderline. J'ai pensé partager la sixième vidéo de cette série en complément des billets que j'ai déjà proposé ici sur le thème de l’immigration.

Le texte d'introduction et la bande son de la vidéo sont en italien. Je n'ai pas trouvé de version française.

Aussi je me permets de proposer, malgré tous ses défauts et erreurs éventuelles, une traduction que j'en ai faites moi-même.


IL MURO INVISIBILE

DEL CANALE DI SICILIA


L'écrivain Erri de Luca lit les pensées écrites par un garde-côte, qui préfère rester anonyme parce qu'encore impliqué dans les activités de secours. Une voix narrative qui nous accompagne dans un voyage fait de silences, souvenirs et interrogations de celui qui travaille quotidiennement dans ce bras de mer qui sépare l'Italie et l'Afrique, la frontière la plus létale au monde, où seulement durant les cinq premiers mois de l'année 2015 sont mortes environs 1750 personnes
Ainsi le canal de Sicile devient une frontière imaginaire mais réelle, tracée sur des cartes toujours plus restrictives d'une Europe qui, au lieu d'affronter le phénomène migratoire à partir des contextes d'origine et de transit comme en Érythrée, Somalie, Syrie et la Libye, continue de discuter sur comment arrêter les bateaux, où aménager des nouveaux camps de réfugiés en Afrique et comment consolider les accords de coopération avec des pays d'une démocratie défaillante, parmi lesquels l'Égypte du général Al Sisi.
Et pendant qu'à Bruxelles on discute du renforcement de la Frontex, chaque jour au long de ce mur invisible se déroule la rencontre entre celui qui sauve et celui qui cherche la survie. Entre celui qui, malgré la fin de Mare nostrum, n'a jamais cessé de secourir en mer et celui qui, pour fuir une mort certaine, préfère mettre sa confiance dans des passeurs sans scrupules et des embarcations précaires. Une rencontre bien souvent traumatisante aussi pour celui qui sauve ou récupère les corps de ceux qui n'ont pas réussi.


Valéria Brigifa


voix off (Erri de Luca)
Parfois le silence peut faire plus mal qu'une bombe.
Certains, plaisantant, m’appelle super-héros, mais moi je me sens un parmi beaucoup et parmi les autres.
Simplement j'aime mon travail. Avec engagement jour après jour j’affronte la vie dans l'espérance d'un demain meilleur, pour moi et pour les autres.
le médecin
Je me trouvais dans la coursive du garde-côte quand j'ai entendu un grand remue ménage et des hurlements. Je regarde dehors et j'ai vu ce canot pneumatique qui coulait à pic. Moi du bord du navire je l'ai vu partir au fond. Je pensais,mais ....j'ai eu la sensation classique de me voir en train vivre un film et de me demander mais qu'est-ce qu'on nous faisont ici.


le pêcheur
Dans ces fonds on pêche souvent des requins. Une fois - nous nous les prenons et les rejetons à le mer - l'un deux, lors de l’opération de rejet à la mer à vomi et il a vomi le petit pied d'un enfant. et c'est cela qui me fait mal !  Qui est-ce qui le lui a mis ce pied là ?
voix off (Erri de Luca)
Je travaille ici à Lampedusa, sur cette île au beau milieu de la méditerranée entre Europe et Afrique.  Je sauve des centaines, des milliers de vies humaines. Des personnes qui tentent d'échapper aux guerre, à la faim et beaucoup d'autres situations particulières que nonobstant tout nous n'arriverons jamais à imaginer.
le pêcheur
J'ai pensé parfois qu'ils ne savent pas ce qu'il en est. Peut-être sont-ils convaincus qu'ils traversent un fleuve. Parce que ça me semble  absurde que tant de gens risquent leur vie ainsi. Parce que beaucoup en meurent. Parce que nous, nous en sauvons certains de ceux qui font naufrage, mais il y en a beaucoup dont on ne sais rien. Ils sont partis et ne sont jamais arrivés.
voix off (Erri de Luca)
Quand mon téléphone sonne, j'entends qu'on me dit qu'il faut sortir en mer, l'adrénaline fait un bon par mille.

L'enthousiasme vainc la peur.  C'est cela qui me permet de continuer. Quand à cent, cent-vingt, cent-trente miles de côte nous interceptons l'embarcation surchargée, cette humanité en recherche de salut, la première chose à laquelle je pense : "ok nous y sommes". Le reste est tout un travail d'équipe
le médecin
Ce jour là, on avait eu quelques heures auparavant l'information concernant un objectif, une embarcation et nous avions préparé tout pour les personnes que nous devions aller sauver. Et au lieu de cela nous sommes partis prendre des cadavres ...  et quand je les prenais, je les prenais par les maillots, par les pantalons, je les tirais à bord ....et je pensais au choses que nous avions préparés pour les sauver, les sécher  et qui était encore là ... là et qui n'ont pas servi.
voix off (Erri de Luca)
On ne s'habitue jamais, regarder dans leur regard donne le frisson, ils sont apeurés, incrédules, éprouvés par un long voyage, d’abord dans le désert puis en mer.
le pêcheur
Je ne sais pas, ceux-ci passent, ils ne sont pas renseignés par ceux qui sont arrivés ici ? ce périple qu'ils font, je n'arrive pas à m'expliquer, comment cela se fait-il qu'ils passent sachant qu'ils vont risquer leur vie, je ne sais pas , peut-être que là où ils ont vécus, c'est pire que ce qu'ils risquent ici.
texte en incrustation
La méditerranée est considérée comme étant la route migratoire la plus dangereuse au monde.
Uniquement durant les cinq premiers mois de l'année 2015 environs 1750 personne sont mortes.
Le naufrage du 18 avril, dans lequel sont morts plus de 800 migrants, a été défini comme la plus grande tragédie en mer depuis la fin de la seconde guerre mondiale.


Des difficultés de compréhension de certains passages de la bande son m'ont ammené à sollociter l'aide de ma soeur Luciana que je remercie vivement.

(toute proposition de correction et d'amélioration de la traduction sont les bienvenues)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.