Fondazione Erri de Luca - Erri de Luca, 28 novembre 2022
Hors-la-loi
On ne peut pas s'habituer à la falsification des versions officielles.
Appeler les flux migratoires des invasions, face à une véritable invasion qui se déroule au milieu de l'Europe, appeler les taxis de la mer les sauveurs de vies perdues.
Le vocabulaire public est en rapport avec le système immunitaire. Si le virus des falsifications ne trouve pas un contraste, un antidote, il pénètre le corps social et l'affaiblit. Le résultat est l'indifférence, c'est-à-dire l'incapacité à distinguer les différences.
Le dernier gadget en date dans le colportage de fausses définitions est le soi-disant Far West de la Méditerranée.
Il ne fait pas référence aux gangs libyens payés par les contribuables italiens. Elle ne fait pas référence à leurs raids dans les eaux internationales sur des bateaux en route vers les côtes européennes. Ce n'est pas le Far West des maraudeurs qui saisissent et transfèrent leurs proies humaines en Libye.
Le Far West des perturbés du pouvoir désigne les rares bateaux de sauvetage.
La législation qui incrimine déjà le sauvetage en mer ne leur suffit pas.
Ce n'est pas assez infâme.
Il faut aller au-delà de l'improbable et désigner ces équipages comme des bandits hors-la-loi.
Ne manque que la nomination d'un shérif de la mer.
Il est parfaitement avéré que neuf demandeurs d'asile potentiels sur dix arrivent sur nos côtes par toutes sortes de moyens. Seul un sur dix se trouve à bord des très rares canots de sauvetage qui interviennent lorsque le naufrage est en cours.
Les hors-la-loi, tant juridiques qu'humains, sont ceux qui veulent empêcher l'exécution du devoir le plus élémentaire de sauvetage en mer.
Les hors-la-loi mentaux sont ceux qui font passer la Méditerranée des noyés pour le Far West.
traduction e.p.