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Billet de blog 30 mars 2017

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Mineurs étrangers : Licenciée car elle dénonce les conditions d'accueil - suites

Éducatrice, elle dénonce les conditions indignes d’hébergement des mineurs isolés étrangers, et maintenant on veut la licencier !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'avais évoqué cette situation à plusieurs reprises et en particulier dans ce billet  reprenant le communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme du 09 février 2017.

J'apprends à l'instant sur la page facebook d' Ibtissam   qu'elle est selon ses termes "réhabilitée par l'inspection du travail: il refuse le licenciement , obligation pour l'employeur de me réintégrer et de me payer mes deux mois de salaires".

 Les bonnes nouvelles sont rares par les temps qui courrent, alors merci à Ibtissam de nous offrir un rayon de soleil pour la journée

😎

😀

Billet complété le 2 avril 2017 la reprise intégrale d'un texte D'Ibtissa

2 avril 2017 - · Reims, Champagne-Ardenne

Après deux mois de mise à pied conservatoire, l'inspecteur du travail vient de refuser le licenciement que mes employeurs avaient projeté, il

en découle l'obligation de me réintégrer et de me verser les arriérés de salaire.

Cette décision, qui est passible de recours par l'employeur, est d'abord une victoire du droit à l'expression syndicale: là où la parole tente d'être brimée, où la critique constructive est vécue comme du dénigrement, le droit du travail vient remettre du sens entre les parties.

Je salue aujourd'hui l'indépendance et l'impartialité des inspecteurs du travail, sans qui le droit à l'expression serait réduit à peau de chagrin.

Dans ce combat pour les mineurs isolés étrangers et contre la précarité des conditions de travail des travailleurs sociaux qui ont pour mission de les accompagner, mon discours reste inchangé.

Les départements ont dérivé, il existe sur notre territoire une Aide Sociale à l'Enfance à deux vitesses.

 Rejetés, déconsidérés et privés de leurs droits, des vrais mineurs considérés comme faux dorment dans la rue partout en France et sont dépendants des bénévoles pour survivre. Durant ces trois derniers mois, j'en ai rencontré plusieurs dizaines de ces jeunes à bout de souffle et dévastés...

Leur parcours est semé de classement sans suite, de cour d'appel, de solutions d'hébergements précaires, de refus de scolarisation et au final d'une obligation de quitter le territoire délivrée par les préfectures .

Les travailleurs sociaux qui osent dénoncer les conditions de vie de ces mineurs, se voient stigmatisés par leur employeur.

Ce traitement réservé aux mineurs insolés étrangers, que l'on veut maintenant appeler mineurs non accompagnés, pour mieux les cacher, est le symptôme d'une démocratie malade, incapable de défendre les plus fragiles.

Notre démocratie est-elle en effet si menacée et si inquiète qu'au lieu de les protéger comme mineurs, elle préfère considèrer ces jeunes comme des étrangers?

Est-elle si fragile qu'il lui faille faire adopter au coeur même de la protection de l'enfance l'argumentaire bien connu qui rend les étrangers indésirables, eux qui seraient responsables de tous nos maux, de nos misères, de nos taux de chômage?

Les intentions des institutionnels, garants de la protection, résonnent étrangement dans le silence assourdissant : "Cachez-moi donc cette minorité que je ne saurais voir, rendez-les donc majeurs malgré eux, faites-les donc disparaître de mon département..."

 Et ces jeunes disparaissent effectivement. Des milliers de mineurs isolés étrangers, découragés, en errance perpétuelle, soumis sans doute à des trafics et à des solutions dégradantes pour survivre, ont disparu des compteurs en Europe depuis 2015 et personne ne sait ce qu'ils sont devenus. On dissimule en haut lieu la lâcheté de l'abandon sous le nom de "départs volontaires".

 Je n'ai agi ni en fonction d'un but politique, ni par vengeance personnelle, je suis une simple éducatrice spécialisée engagée dans la protection de l'enfance et la défense des droits des salariés.

Je suis touchée par le sort de ces jeunes, révoltée par le détournement des missions de notre corps de métier.

Mon père a migré en 1971 et n'a jamais voulu quitter la France. Avec ma mère, il a eu quatre enfants qui exercent des métiers dans la banque, l'enseignement et l'industrie.

Si son devoir était de nous enseigner les moyens de la réussite, le mien est dorénavant d'enseigner à mes enfants que la réussite ne se fait pas à n'importe quel prix, et surtout pas à celui de se taire quand on se doit de parler.

Mes pensées vont aujourd'hui à Denko et à sa famille, puisse t-il reposer en paix. Puissent ses parents trouver réconfort en obtenant des réponses à leurs questions.

Merci à tous de m'avoir soutenue ,aidée ....

Le combat solidaire continue..

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