repubblica.it - Alessandra ZINITI, 29 juin 2018
Migrants, nouveau naufrage en méditerranée :
trois enfants morts, 100 disparus.
L’Italie ferme l’accès à ses ports aux ONG
Le Naufrage
Ils seraient partis avec à bord 120 personnes, une centaine est portée disparue. Par ailleurs trois autres embarcations ont été secourues avec environ 345 personnes, toujours à l’Est de Tripoli. C’est Ayoub Gassil qui en a informé l’Associated press. Les survivants ont été transférés dans la région de Al-Hmidiya, à 25 km à l’est de la frontière. Tout cela le jour même où le ministre de l’intérieur Salvini annonce la fermeture des ports italiens aux ONG et que le ministre des transports tourne le dos aux 24.000 signature récoltées pour demander au contraire de ne pas faire obstacle au travail des sauveteurs. Il n’est pas encore établi clairement que l’embarcation soit la même, avec 150 personnes sans gilet de sauvetage, que celle repérée ce matin par un avion militaire espagnol qui avait alerté l’Open Arms, le bateau de l’ONG Proactiva qui est dans la zone Sar. Le bateau n’a pas pu intervenir parce que l’embarcation était distante de 80 mile marins et qu’il est à court de carburant. « Nous sommes sans carburant parce que Malte ne nous a pas autorisé à ravitailler et ne nous laisse pas entrer dans ses eaux territoriales » a dit Riccardo Gatti d’ Open Arms. Le bateau s’est mis en relation avec la salle des opérations des gardes côtes italiens de Rome qui a expliqué que les secours étaient pris en charge par les libyens.
Mille morts en six mois
Depuis Genèvre, l’OIM – l’Agence des Nations Unies pour les migrations, rappelle la triste comptabilité : depuis le début de l’année au 27 juin, 972 hommes, femmes et enfants ont perdu la vie alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe par la mer. Parmi ceci, 653 sont décédés sur la route de la méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Italie. Le bilan des victimes en 2018 est un peu inférieur à la moitié des morts signalés durant la même période qu’en 2017 (ils étaient 2172). Comparativement à l’année dernière le nombre d’arrivée est aussi en baisse. L’OIM rend compte qu’en fait depuis le premier janvier dernier au 27 juin, un total de 44,957 migrants et réfugiés ont rejoint l’Europe par mer, parmi lesquels autour de 38 % en Italie (16.566), le reste se partageant entre la Grèce (13.157) et l’Espagne (14.953). Un nombre réduit d’arrivée est en outre signalé à Chypre et à Malte (respectivement 47 et 234 migrants). Durant la même période l’année dernière, le total des débarquements était de 94.986 et de 230.230 en 2016.
Salvini : « Les ONG verront l’Italie seulement en carte postale »
C’est aux micros de Circo Massimo que le ministre de l’intérieur Salvini annonce : « Ports fermés pour tout l’été aux bateaux des ONG. Ils verront l’Italie seulement en carte postale, et l’Italie ne sera pas seule à se comporter de la sorte. Nous continuerons à sauver tous ceux qui sont à sauver, mais avec les États qui se comporteront en tant qu’État. Et nous ne serons plus seuls ». Les ports italiens sont donc interdits aux bénévoles donc, tout comme ceux de Malte après l’annonce d’hier du gouvernement de La Valetta qui interdira aux bateaux tant d’accoster à nouveau que d’appareiller pour repartir. « Comme disent les militaires italiens et même les libyens – explique le ministre – les bateaux des ONG aident les trafiquants, consciemment ou non : leur présence est un danger pour ceux qui partent et un motif de fête (faire la noce) pour les trafiquants. Qui finance les ONG ? Il y a l’Open Society Foundations de Soros qui a un dessein clair, celui d’une immigration de masse pour effacer une identité qui peut plaire ou moins plaire, mais qu’il m’ennuierait de voir détruite. Actuellement il y a deux bateaux devant la Libye de Proactiva Open Arms, je demande qu’aujourd’hui même ils publient la liste des financeurs. »
Une pétition de 24.000 signatures, Toninelli se « défile ».
Les organisations non gouvernementales ne peuvent pas même espérer quoi que ce soit du ministre des infrastructures Toninelli : « Notre pétition 'Lasciate i porti aperti a chi salva vite in mare' laissez les ports ouverts à ceux qui sauvent des vies en mer a été signée par plus de 24.000 personnes – déclare Vittorio Longhi de l’association Progressi - mais jusqu’à maintenant le ministre a refusé de nous recevoir pour qu’on la lui dépose, affirmant que la pétition n’a aucun sens du fait de la décision du gouvernement. On est stupéfait que ce soit justement un ministre du mouvement Cinq Étoiles qui refuse d’écouter l’expression des citoyens, à travers cette pétition sur la toile. ».
Et justement dans la soirée Toninelli ferme les portes au bateau d’ONG Astral. « Du fait de la note formelle que m’adresse le ministère de l’Intérieur et qui allègue de motifs d’ordre public, je décide de l’interdiction d’amarrage dans les ports italien pour le bateau d’ONG Astral, en total respect avec l’article 83 du code de navigation. » La note du ministre des infrastructures et des transports a tout de suite été critiquée par Riccardo Magi, député de +Europa et secrétaire du mouvement Radical Italien. Il n’existe pas de motif d’ordre public ou de sécurité de navigation qui puissent motiver une interdiction de transit ou de relâche dans les ports italiens des bateaux des ONG. Une telle mesure serait illégitime et aurait tout d’un abus de pouvoir.
La voix des bénévoles
« Chaque mort en mer causée par ces mesures repose sur la responsabilité de l’Europe. Ils nous bloquent et nous empêchent de faire le travail que les gouvernement de U.E. ne réussissent pas à faire, tout en déshumanisant les personnes qui sont en détresse. Les gouvernements d’Europe doivent retrouver le bon sens et mettre fin aux politiques qui contraignent les personnes à rester enfermées dans le piège libyen ou à mourir en mer. ».
L’énième naufrage en méditerranée arrive au lendemain du Conseil européen, et rappelant le nombre extrêmement élevé (au moins 220) de personnes mortes noyées durant la traversée au cours de la semaine dernière, Médecin sans Frontière lance un appel à l’Europe. MSF photographie ainsi la situation actuelle des secours en méditerranée : « Les gouvernements européens ont bloqué les opérations de recherche et de secours en mer par les ONG, confiant la responsabilité des secours aux Gardes Côtes Libyens. Les gouvernement européens sont en train de financer, former des équipages pour les Gardes Côtes libyens pour intercepter les bateaux à la dérive et réexpédier les personnes en Libye où ils se retrouvent détenus dans des conditions inhumaines. Environ 2.000 personnes ont été réexpédiées en Libye en fin de semaine dernière. A leur arrivée elles sont conduites dans des centres de détention arbitraires sans aucun procès légal ».
L’UE a connaissance des violences en Libye
Des centres dans lesquels, rappelle Karline Kleijer, responsable des secours à MSF, l’organisation a eu énormément de mal à pénétrer, découvrant les conditions dramatiques dans lesquelles les personnes sont détenues. « Les États membres de l’UE sont en train d’abdiquer de leur responsabilité de sauver des vies et sont en train délibérément de condamner les personnes à être enfermées en Libye ou à mourir en mer. Ils le font en parfaite connaissance des violences et des abus extrêmes que les migrants et les réfugiés subissent en Libye ». Au cours du mois dernier, MSF à eu la possibilité d’accéder à quatre centres de détention et a donné plus de 3.000 consultations médicales. Les équipes médicales ont rendu compte que les principaux problèmes de santé sont liés aux mauvaises conditions de vie, comprenant la surcharge des lieux, le manque d’eau et les conditions d’hygiène insuffisantes. Après le sommet de Bruxelles, on a aussi entendu la voix de l’Oxfam : « L’Europe décide de ne pas décider – explique Elisa Bacciotti, directrice des campagnes italiennes de l’organisation. - les leader encore une fois ne sont pas arrivés à trouver un accord pour une vrai réforme du système européen de l’asile. En outre, la création uniquement sur la base du volontariat de zone de débarquement de migrants risque de faire revivre durant tout l’été un bras de fer entre pays de l’UE, ce qui pourrait provoquer de nouveaux naufrages en méditerranée » par ailleurs « les centres « contrôlés » fermés risque de ressembler totalement à de vrai centre de détention.
La situation des bateaux des ONG, Malte poursuit le capitaine du Lifeline
MSF, qui a une équipe à bord du bateau Aquarius de SOS méditerranée, annonce que malgré tout cela la mission de secours en méditerranée continuera. L’Aquarius est arrivé dans le port de Marseille où il a été contraint de se rendre pour se ravitailler et changer d’équipage du fait de la décision du gouvernement de Malte d’interdire l’accès à ses eaux territoriales et aux port aux bateaux des ONG même sans avoir de migrants à bord. Sur la zone Sar Libyenne il y a aussi – comme l’a rappelé Salvini – les deux bateaux de l’association espagnole Proactiva, le Open Arms et l’Astral, avec un groupe d’euro-parlementaires à bord alors que sont bloqués à Malte le Sea Watch, qui était au port pour changer d’équipage mais qui maintenant, du fait des nouvelles décisions de Malte, n’aurait même pas l’autorisation de sortir du port et le Lifeline qui fait l’objet d’une enquête après le débarquement des 224 migrants. Le commandant Carl Peter Reisch a été aujourd’hui de nouveau interrogé par la police et va comparaître lundi au tribunal en audience préliminaire.
traduction e.p.