Un an plus tard que reste-t-il ? Que reste-t-il de ces rassemblements pittoresques, de ces assemblées hétéroclites, de ces revendications panachées ?
D’aucuns diront que tout ceci n’est qu’un lointain souvenir, qu’un amas de rêveries gauchistes, d’utopies sans lendemain.
Toutefois, je suis persuadé que cette folle ambition de convergence des luttes est encore présente dans nos « têtes dures » pour reprendre l’expression de Jean Luc Mélenchon.
Chacun à notre façon, nous avons perpétué ces luttes au quotidien. Pour certains la France Insoumise s’inscrivait dans la continuité et clamait par la voix de son porte-parole et de ses milliers (millions ?) d’insoumis ce désir intact de justice sociale et de démocratie horizontale. Pour d’autres, la société civile et la myriade d’associations qui la compose ont permis de s’investir aux quotidiens pour des causes qui leur sont chères, en venant en aide aux plus démunis ou en développant toutes sortes de structures commerciales plus équitables comme les AMAP.
Certes la convergence n’est plus aussi patente, les assemblées n’existent plus ou presque plus, mais nos idées se sont propagées dans toute la société, les initiatives pullulent partout en France comme nous le prouve l’engagement remarquable des Français dans les milieux associatifs.
Seulement cette conversion s’opère dans l’ombre, alors que les assemblées se tenaient dans les zones urbaines, les fermes bios naissent au cœur des campagnes, les alternatives se multiplient dans les banlieues et les quartiers populaires, bien loin des centres commerciaux, des grands buildings et des complexes financiers.
Depuis ce mois de mars interminable, nos aspirations démocratiques et sociales sont allées en grandissant, amplifiés par les dérives sécuritaires de l’état d’urgence, par la morgue crasse de nos irresponsables responsables, par toutes les violences de la société, qu’elles soient symboliques ou physiques.
Nous le savons tous, ce n’est pas la rue qui tue les sans-abri, ce n’est pas la police en tant qu’institution qui violente les minorités ethniques ; ces tragiques évènements ne sont que des symptômes d’un mal plus grand qui nous ronge, ce mal, c’est une hystérie sécuritaire qui viole nos droits, c’est une oligarchie présidentielle qui méprise les laissés-pour compte d’une globalisation financière mortifère et sans limites.
Ce sont ces maux qui tuent directement et indirectement les plus exposés d’entre nous et ce sont eux qui amplifient nos revendications, nos luttes et nos désirs intacts de République sociale.
Un an après, les places publiques sont vides mais nos têtes sont pleines, de revendications et de détermination.
Nuit Debout aura été la première étincelle d’un feu qui ne demande qu’à prendre, pour pouvoir, un jour, rallumer les étoiles de ces nuits passées debout.