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Billet de blog 6 novembre 2015

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Les rats et le droit français

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après la conférence régionale organisée par la préfecture d’Ile-de-France intitulée “campements roms” avec tout ce que ce titre comprend de discriminatoire et de stigmatisant, se tenaient hier et aujourd’hui les groupes de travail pour “favoriser une réflexion collective contribuant à la construction d’une stratégie régionale”.

Pour faire simple, l’objectif est de partager des solutions pour “garantir des conditions de vie correctes” aux habitants des bidonvilles tout en continuant à les expulser. Car voilà il y a des droits en France, des avocats et des juges, et, malgré la toute puissance de la propriété privée, les procédures peuvent prendre des mois. Pendant ce temps, l’accès à la domiciliation n’est pas effective, la scolarisation est compliquée et les inscriptions au pôle emploi impossibles. Mais surtout les besoins élémentaires de sécurité des personnes tels que l’accès à l’eau, à des toilettes, à l'électricité, au ramassage d’ordures ne sont pas assurés. Et ce malgré les obligations légales qui incombent aux municipalités.

Pour faire simple, cette réunion devait être pragmatique. Recenser les expériences et les bonnes pratiques sans s’interroger sur les conditions de réalisations de ces bonnes pratiques. Ce qui marche là-bas marchera ici, c’est évident.

En fin de réunion, le représentant de la préfecture raconte une histoire*. Une histoire qui résume l’absurdité de la politique vis-à-vis des bidonvilles de nos jours. Il a été surpris d’apprendre que la nuit, sur le bidonville X, des petits enfants se faisaient mordre par des rats. Car “il y a des rats dans les bidonvilles” et ces derniers auraient un produit anesthésiant sur les dents qui fait que les enfants ne se réveillent pas lorsqu’ils se font mordre, explique-t-il. Mais si les rats rentrent dans les baraques, c’est parce que ces dernières sont construites à même le sol. La solution est donc simple, “il faudrait surélever les baraques..." Ainsi il est plus simple de déplacer la baraque de quelques centimètres en hauteur plutôt que de mettre à disposition des bennes, organiser le ramassage des ordures et dératiser le site. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer et cher ? Pourquoi régler un problème quand on peut le déplacer ? Et après tout pourquoi appliquer le droit ?

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* Cet article a été publié le jeudi 5 novembre à 17h. Le vendredi 6 novembre, à 11h, la Préfecture d'Ile de France m'appelle et me demande, après quelques échanges, de préciser les élèments suivants : 

"Cette anecdote a été évoquée pour illustrer la situation de certains campements. Elle avait été rapportée récemment à un représentant de la préfecture par un opérateur social. Ces problèmes, bien connus, illustrent la necessité d'un renforcement de l'action en matière sanitaire , qui est justement un des thémes des groupes de travail mis en place suite à la conférence régionale. Ce billet et la tonalité de cet article sont réducteurs et n'illustrent pas l'esprit constructif dans lequel se sont déroulés les réunions des  deux groupes de travail mis en place."

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