Cette nuit on a accueilli Richard, à la maison le temps d'une nuit. Juste 24 heures, la veille de son rendez-vous OFPRA.
Je suis allée le chercher Gare du Nord tard, en fin de soirée. C’est étrange Paris la nuit confinée. Un peu trop gris. Et vide. Hormis quelques policiers, militaires, taxis et livreurs à vélo et moto de repas à emporter, il n'y avait âme qui vive en dehors de tas de cartons et couvertures dans de rares coins.
Richard n’est jamais venu à Paris. Je lui propose qu’on fasse un détour vers la Tour Eiffel parce que, confinement ou pas, une veille de rendez-vous OFPRA, ça fait rêver de voir la Tour Eiffel, surtout de nuit, lumineuse dans la ville vide. Il accepte, presque gêné. Richard est ébahi comme un enfant. C'est vrai que Paris la nuit c'est magique. Passer devant l’Opéra, traverser la place de la Concorde vide, remonter par l'Étoile et deviner La Défense dans la brume. Il est ému et fier de filmer la grande dame qui brille pour la diffuser sur les réseaux.
Ce matin, P. accompagne Richard au RER A direction Fontenay sous Bois pour son rendez-vous. Juste avant on partage un petit déjeuner en famille.
C, 3 ans et demi, ne se souvient pas de son prénom alors il l'appelle "Cœur de lion" parce que Richard - Cœur de lion est le héro d’un petit livre qu’il aime bien. Quand, Richard a parlé de la Tour Eiffel, C. était très jaloux. Il regardait la vidéo sur le téléphone de Richard terriblement déçu de n’avoir été avec nous dans la voiture, la veille. J'ai donc dit, comme tant de choses ces derniers temps, "on ira après la covid" et C. a ajouté "Oui avec Cœur de Lion". Et en se tournant vers Richard il a ajouté : "Promis ?"
Richard a acquiescé d’un sourire silencieux. Je ne sais pas lequel des deux étaient le plus heureux de cette perspective.