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Billet de blog 13 octobre 2014

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A peine un matelas et un article de presse

Iova est revenue. Avec ses enfants et son mari. Elle s’est installée vers une porte du nord de Paris et accepte de nous recevoir.

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On se faufile sur un chemin de terre entre une ligne de chemin de fer désaffectée et le périphérique. En contre bas, Iova nous montre son installation. On descend. Deux mètres carrés vides, sales, puant la pisse et les pots d’échappements, grouillant de rats. Je n’ai jamais vu une installation aussi précaire. Elle possède un maigre matelas jauni où elle s’entasse avec ses 3 enfants, son mari, sa sœur, son beau frère et leur enfant.

Pourtant elle a le sourire. Elle n’ose pas se plaindre. Il y a 2 semaines elle avait encore un hôtel social, mais des raisons familiales l’ont poussé à partir en Roumanie. Elle savait que si elle prévenait de son départ les responsables, elle perdait son hôtel. Elle savait que si elle ne prévenait pas de son départ elle perdait aussi son hôtel. Alors elle est partie. La famille est toujours plus importante.

Elle est là. Elle recharge son téléphone quand elle peut pour téléphoner au 115 et avoir une nouvelle place. Mais le salon de l’auto occupe toutes les places des hôtels parisiens. Elle appelle en sachant qu’elle n’aura pas de place. Mais si elle n’appelle pas, on peut lui reprocher qu’elle choisit de maintenir ses enfants à la rue. Sa vie est faite d’absurdité.

Ses enfants vont à l’école malgré tout. Et ils aiment cela. Mais ils n’osent plus prendre le bus, « car les gens se bouchent le nez quand on monte dedans. C’est vrai que c’est dur de se laver le matin ici. On se lave le soir, aux bains douches. Mais avec les voitures du périphérique et les rats, le matin on pue. »

Aujourd’hui le Maire du 6ème a refait des siennes. Le Parisien en a fait un article, en vérifiant à peine les faits. Dommage. Comme si mendier avec ses enfants était un choix, comme si dormir sur les trottoirs ou derrière le périphérique était un plaisir. Comme si placer des enfants étaient une solution. Comme si les rendre contre une promesse de retour en Roumanie était une perspective constructive.

En lisant cet article, j’ai repensé à Iova et à son fils heureux que le métro soit direct pour aller au collège. Le soir de ma visite, il était très propre et fier. Et rêvait toujours de finir l’année scolaire. Depuis longtemps, il ne rêve plus d’un toit. Juste d'être là demain.

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