Il y a quelques jours, j'ai lu l’enquête de Que Choisir sur les oubliés du « très haut débit pour tous ».
Fracture numérique: la fibre n'a pas réglé le problème
Sans surprise, ces oubliés sont - une fois de plus et pour la plupart - les habitants des zones rurales, qui ont pourtant besoin plus qu’ailleurs de connexions efficaces pour être reliés au monde, consommer, travailler…
- parce que les services publics et les commerces de proximité ont disparu
- parce que les transports en commun n’existent plus
- parce que les déserts médicaux sont légion
- parce que le travail est rare
- parce qu’internet est devenu indispensable pour la moindre démarche,
etc.
J'ai découvert que j'étais loin d'être la seule...
En effet, j’habite depuis environ dix ans dans une petite commune de Charente, et j’utilise beaucoup internet, avec un débit qui était jusqu’à présent (et est toujours) assez lamentable (avec un débit de 300 Ko/s, le télétravail est impossible, sans parler de la télé ou même du streaming), c’est donc avec impatience que j’attendais la fibre, promise par le gouvernement, et annoncée ici depuis des mois.
Hélas.
Alors que les hameaux avoisinants sont branchés, le premier à exactement 311 mètres de ma maison, et le second, à vol d’oiseau, à peu près à la même distance, pas de fibre chez moi.
La raison ? ma maison est dite « isolée ». Comme celle de ma voisine, qui elle, n’est pourtant qu’à 200 mètres du dernier poteau fibre. Mais m’a t-on dit, "ce n’est pas très grave, c’est une vieille dame, elle n’en a pas besoin"...
Voilà pour l'égalité des citoyens.
Pourtant, au lieu de rallonger la ligne des 300 mètres manquants, les génies qui ont réfléchi (et financé, avec notre argent) à l’installation de la fibre en Charente ont préféré tirer une ligne de trois kilomètres pour aller de la mairie de notre village jusqu’au hameau voisin, malgré l’absence de la moindre maison entre les deux :
Dans le plan ci-dessous, les points verts sur la droite sont les maisons du centre du village, à trois kilomètres. Ma maison est indiquée au centre de l'image en rouge, les points verts juste au dessous sont les maisons du hameau, à 300 mètres, qui elles, sont raccordées.
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Et donc, comme la plupart des habitants des communes rurales, faute de mieux, je dispose d’une ligne cuivre pompeusement baptisée « ADSL ». Laquelle date d’environ 50 ans, avec ses poteaux branlants, ses câbles arrachés au moindre coup de vent, et les sous-traitants mal formés de nos opérateurs (y compris celui qu’on qualifie encore d’historique) qui mettent des semaines à réparer, quand ils le peuvent.
Car la fibre étant désormais prioritaire et mobilisant tous les moyens et toutes les énergies, il n’y a plus de matériel pour réparer (et encore moins entretenir sérieusement) les lignes ADSL.
Le résultat, depuis début novembre, voilà la « réparation » effectuée pour maintenir ma connexion :
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Il va de soi que je ne peux ni tondre ni débroussailler, le câble se promenant par terre.
Tout cela, alors qu'on raconte qu’en se promenant dans les bois environnants, on découvre des rouleaux entiers de câbles abandonnés. Et inutile d'écrire aux "décideurs", ils vous ignorent superbement...
Pour palier à tous ces tracas, j'ai donc un abonnement ADSL Orange, et pour éviter d'être complètement isolée (j'ai déjà fait l'expérience, à part les signaux de fumée, je vois pas) j'ai AUSSI une box 4G. Tout cela pour une somme deux fois supérieure à la fibre la plus chère, sans possibilité de télétravail, ni télévision.
Sans parler d'un éventuel abonnement Netflix ou Paramount s'il m'en prenait l'envie...
Et vous savez la meilleure ?
Ma facture internet vient d'augmenter.