Fab13René

Abonné·e de Mediapart

3 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 novembre 2022

Fab13René

Abonné·e de Mediapart

Le recul de l'âge de la retraite : un déluge de mensonges pour une arnaque XXL.

Dans une interview donnée le 22 septembre 2022 à un journaliste de BFM, E Macron revient sur les retraites. C'est un déluge de mensonges. Ils doivent être démasqués et la vérité rétablie. On analysera les aspects et conséquences de sa contre réforme et comment le gouvernement compte la faire passer. On verra ensuite quelle position doivent prendre les directions syndicales pour y faire échec.

Fab13René

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien évidemment le recul de l'âge de départ à la retraite a un caractère insupportable pour les salariés, en particulier pour ceux qui ont des carrières longues ou sont usés par la pénibilité. Cela a déjà été évoqué largement et fort justement par les organisations syndicales. Mais on  ne peut résumer cette contre réforme à cela. Il y a bien d'autres aspects.

Est-il vrai comme le prétend E Macron, qu'en travaillant plus longtemps, on produit plus de richesses ?

Ce serait peut-être vrai si nous étions dans une société de plein emploi garanti. Mais ce n'est pas le cas, bien au contraire. Nous sommes dans une société avec un chômage de masse. C'est de là qu'il faut partir pour aborder cette question !

Que se passe-t-il donc, dans ces conditions, si on recule l'âge de départ à la retraite ?

En France, comme dans tous les pays du monde, l'essentiel de l'insertion des jeunes sur le marché du travail se fait par le remplacement des aînés partant à la retraite.

Si les seniors sont maintenus dans l'emploi, les postes ne sont pas libérés. Il n'y a pas d'embauche.

Dans les entreprises, ce qui détermine l'embauche c'est le carnet de commande et ce n'est pas parce que vous maintenez en place les seniors que le carnet de commande augmente ipso facto.

Dans les services publics, c'est pareil. Comment croire un seul instant que ce gouvernement qui a supprimé des dizaines de milliers d'emploi, autoriserait le recrutement des jeunes si les postes ne sont pas libérés ?

Pour les travailleurs indépendants, c'est la même chose. S'ils restent dans leur emploi pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein, ils bouchent, de fait, l'accès au marché aux jeunes indépendants.

Donc, première conséquence, le nombre des emplois au regard de la population, reste identique. En aucun cas, le maintien dans l'emploi des seniors ne conduit à une augmentation du nombre d'actifs au travail. Il n'y a pas de richesse supplémentaire créée. Ce que nous vend E Macron, ce sont des fables !

Deuxième conséquence, le chômage va augmenter.

Si l'âge de départ à la retraite est reculé par exemple, de 3 ans, pour les jeunes qui vont arriver sur le marché du travail, pendant 3 ans, cela va être extrêmement dur de s'y intégrer, puisque les postes ne sont pas libérés.

Reculer l'âge de départ à la retraite de 3 ans, signifie expressément que 3 classes d'âge de jeunes vont aller grossir les rangs des chômeurs.

C'est mécanique. Que ce recul soit brutal ou progressif.

Mais le grossissement des rangs des chômeurs ne se limite pas au barrage dressé face aux jeunes pour accéder à l'emploi. Parmi les chômeurs les plus âgés, certains, ayant la possibilité, dans certaines conditions, de voir valider des trimestres, vont rester dans le chômage au delà de 62 ans. On aura ainsi également une hausse du nombre des chômeurs par le maintien des seniors dans cette catégorie.

Troisième conséquence : puisque le recul de l'âge de la retraite va faire augmenter le chômage, il y aura nécessité pour ce gouvernement, d'une énième réforme de l'Assurance Chômage pour, bien entendu, diminuer les allocations des ayants droit.

Quatrième conséquence : le maintien dans l'emploi au delà de 62 ans des actifs aboutira à boucher encore plus l'accès au travail des seniors au chômage.

On va dire les choses. Ce gouvernement n'en a rien à foutre de l'emploi des seniors.

D'ores et déjà le chômage les touche fortement : 25% des 55-59 ans sont sans emploi . En quoi le recul de l'âge de la retraite est de nature à leur permettre de trouver un emploi ?

------------------------------

Le dégagement de ressources pour l'état se fera uniquement par la spoliation des retraités selon trois modes pouvant d'ailleurs se combiner:

  • Par la spoliation des retraites dues aux 62-65 ans.

  • Par la baisse des retraites des seniors qui à 62 ans sont au chômage.

Reculer l'âge de départ, c'est durcir les conditions pour une retraite à taux plein. C'est augmenter le poids des décotes pour ceux qui ne pourront pas atteindre l'âge légal.

  • Par l'effacement, à l'avenir les surcotes pour ceux qui ont commencé très tôt leur vie professionnelle, ou l'ont poursuivi tardivement.

-----------------------------------

Pour épargner les riches, E Macron veut financer les dépenses de l'état par les retraites plutôt que par l'impôt.

Pour la première fois, un président de la république le dit ouvertement . Il veut puiser dans les retraites pour contribuer aux dépenses de l’état. Cela porte un nom : le détournement de fonds.

E. Macron explique qu'il faut de l'argent pour financer, et il cite : la refondation de l' hôpital, de l'école, « notre » sécurité, la transition climatique. Il dit précisément :

«  Peut-on le financer par plus d'impôt ? Non, nous sommes le pays parmi ceux qui taxent le plus en Europe. Nous ne pouvons financer cela qu'en travaillant d'avantage, et en produisant plus de richesses. Etc.. et c'est travailler plus longtemps. Donc, oui, c'est la réforme des retraites. »

Quoiqu'E Macron en pense, prélever sur les retraites, c'est TAXER, et TRES LOURDEMENT. Reculer l'âge de la retraite de 3 ans, c'est taxer les retraités de 3 ans de leurs revenus !

A titre de comparaison, on imagine assez les cris d'orfraie d'un Macron s'il était question de taxer les entreprises du CAC 40, de 3 années de leur chiffre d'affaire !

Financer par les retraites plutôt que par l'impôt a une raison : épargner les riches !

Illustration  pour la transition climatique, puisqu'il compte ainsi la financer : Pour E Macron , ceux qui doivent la financer, ce ne sont surtout pas les actionnaires du super pollueur TOTAL, ceux-là même qui se sont gavés par la spéculation en temps de guerre ! Ce sont les retraités !

Mais là, on est dans la quintessence des valeurs du Macronisme.

---------------------------

« On ne peut pas avoir une politique sérieuse qui repose sur des mensonges »

( E.Macron, le 22 septembre )

Puisqu'il le prétend, voyons ce qu'il en est !

Passons sur le « travailler plus longtemps pour produire plus de richesses », dont on a déjà vu que c'était de la foutaise, pour nous intéresser à quelques autres perles lâchées ce même jour :

  • « On doit continuer de protéger et investir sur l'avenir. Nous ne pouvons le faire que si nous produisons plus de richesses et donc avoir plus de gens au travail et travailler un peu plus longtemps car il se trouve qu'on vit plus longtemps ».

Vous avez bien lu. E Macron réclame  « plus de gens au travail », lui qui depuis 2017, dans tous les services publics, n'a eu de cesse de sabrer les effectifs avec les conséquences que l'on connaît.

  • « le Conseil d'Orientation des Retraites a dit, il y a quelques jours que notre régime était en déficit »

Mensonge ! Le rapport du COR a dit exactement le contraire, à savoir que le régime des retraites était en bénéfice en 2021,et qu'il le sera en 2022. Mais s' il pronostique en effet un déficit au-delà, jusqu'en 2032, il en donne la raison « Outre une faible croissance économique, la dégradation serait notamment causée par les mesures d'économie sur la masse salariale de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière car elles ont un effet négatif sur la part des ressources dans le PIB. ».

En clair, selon le COR, ce qui menace l'équilibre des retraites, à partir de 2023, c'est la politique suivie par ce gouvernement de suppressions massives d'emplois dans la fonction publique territoriale et hospitalière !

Et puisqu'E Borne, est cheffe du gouvernement, on ne peut pas ne pas la citer. Ainsi, le 6 Juillet devant l'Assemblée Nationale, elle déclare :

  • « dans notre pays, on se singularise par rapport aux autres pays de l'OCDE et de l'Europe par le fait que la part des jeunes et des seniors qui travaillent est moins importante que dans les autres pays » .

De fait, le maintien des plus de 62 ans actifs dans l'emploi, a pour effet mécanique immédiat, de faire barrage pour accéder à l'emploi, aussi bien aux jeunes qu'aux chômeurs âgés. Sa déclaration est de fait en porte à faux avec ses actes.

  • « pour la pérennité de notre système par répartition, oui nous devrons travailler un peu plus longtemps ».

Pour tout un chacun, la pérennité signifie le maintien ! Baisser les retraites, pour une partie non négligeable des retraités, ça serait les maintenir ? La contradiction ne semble pas vraiment effleurer E Borne.

Donc, voilà ce qu'il en est d'E Macron et de sa première ministre ! Mensonges, mensonges, mensonges, mensonges !

C'est leur méthode de communication !

De toute façon ce n'est pas un scoop. On se souvient tous de l'épisode des masques.

---------------------------------

Les intentions cachées d'E Macron pointent derrière une contradiction évidente

On serait tenté de penser que si le gouvernement envisage d'utiliser les retraites pour abonder le budget de l'état, cela prouve quand même, quoi qu'en disent ceux qui moulinent sur la nécessité de « sauver les retraites », que l'équilibre des retraites n'est pas si menacé que ça.

Sauf qu'il y a une contradiction évidente qui doit attirer notre attention.

Pourquoi donc déclare-t-il ouvertement son intention de financer le budget de l'état par les retraites, alors qu'il affirme, dans le même temps que le régime des retraites est en déficit ? Car homme intelligent, il sait parfaitement, quoi qu'il en dise, qu'aucune nouvelle richesse ne sera créée par le recul de l'âge de départ à la retraite.

La seule cohérence possible à cette contradiction, c'est que son but soit justement la fragilisation du système de retraite par répartition pour justifier ultérieurement de nouvelles attaques contre ce régime... bien évidemment au nom de son sauvetage.

Mais là aussi ce n'est pas un scoop. Son désir d'en finir avec les retraites par répartition pour leur substituer les retraites par capitalisation est bien connu.

------------------------------------------

C'est par la CONCERTATION que le gouvernement compte faire passer sa contre-réforme.

Il n'en fait pas mystère.

Il le sait. La concertation, c'est le dispositif qui permet de lier les mains des organisations syndicales. Elle conduit inévitablement à la démobilisation et la démoralisation des travailleurs.

Des décennies de concertation en témoignent. Systématiquement au final, toutes les concertations n'ont débouché que sur le maintien des plans gouvernementaux ou patronaux initiaux. Les reculs sociaux ainsi actés sont de fait apparus validés par les syndicats, quelle que soit par ailleurs la position qu'ils aient pu défendre lors des discussions.

Les reculs concédés à la marge n'ont été là que pour permettre d'obtenir la signature de certains syndicats sur ce que le gouvernement ou le patronat considérait comme essentiel, introduisant ainsi la division parmi les organisations syndicales et les travailleurs.

Et bien entendu, si besoin, si cela ne suffit pas, le gouvernement espère pouvoir compter, pour purger la colère des travailleurs, sur les journées d'action, la dislocation des luttes sous toutes ses formes, le combat entreprise par entreprise, secteur par secteur, à décider localement, etc... Il sait d'expérience qu'au final, ces dispositifs finissent toujours par épuiser les travailleurs et les conduire à la défaite.

----------------------------------------

Que doivent donc faire les organisations syndicales pour empêcher cette contre réforme?

Il faut le répéter : que les organisations syndicales négocient les revendications, porteuses d'avancées, rien de plus normal !

Mais la concertation, c'est autre chose. Le seul but, le cadre en est fixé, c'est la négociation de la régression sociale.

Historiquement, aucune revendication ouvrière n'a jamais été arrachée dans le cadre de la concertation.

Le financement des dépenses de l'état par les retraites n'est pas négociable !Ça n'est pas admissible !

Le recul de l'âge de départ à la retraite n'est pas négociable !Ça n'est pas admissible !

La liquidation des régimes de retraite des régimes spéciaux et des fonctionnaires n'est pas négociable ! Ça n'est pas admissible !

Y compris au nom de la revalorisation des petites retraites. Rien ne justifie que l'intérêt général soit bradé. Aucun donnant/donnant.

En conséquence, la défense des retraites impose aux organisations syndicales:

1°- Elles doivent se prononcer, toutes, pour le retrait immédiat de cette contre-réforme.

2° - Elles doivent boycotter toute concertation sur les retraites et appeler au boycott.

3° - Elles doivent informer les travailleurs, dans chaque entreprise, chaque service et les préparer à affronter tous ensemble, en même temps, ce gouvernement.

Et si le gouvernement ne recule pas, elles doivent dans l'unité, appeler à une manifestation centrale à Paris, et si besoin à la grève générale jusqu'au retrait de cette contre réforme.

Alors, oui, sur cette base, nous pourrons obtenir une véritable revalorisation des retraites, en particulier des petites retraites !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.