Billet de blog 3 août 2010
Sarkozy, son monopole identitaire et les applaudissements
"Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune"
. Qui ne connait pas cette phrase dans le corps politique? Notre président? Certainement... Lui qui est le garant de notre constitution. Cette constitution qui possède les fondements de la république d'aujourd'hui. Ces deux phrases sont pourtant écrites dans l'article 1er de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, on ne peut pas l'éviter. Alors comment expliquer ses propos tenus le 30 juillet 2010 à Grenoble :
"la nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique"
.Bien sûr, porter atteinte à la vie, quelque soit le statut de la personne, est d'une extrême gravité mais plusieurs questions se posent : doit-on mettre en place la double peine pour ses personnes dites "d'origine étrangère"? A quel niveau de l'arbre généalogique, une personne d'origine étrangère finira par devenir un Français "de souche" ou "traditionnel"? Qui décidera de cette "classification" ou de cette"étiquette"? Ces personnes devront-elles porter un costume qui les rendrait identifiables parmi les "vrais Français"? Mais la vraie question est de savoir s'il existe encore en France, un Français sans aucune origine "étrangère". Si c'est le cas, c'est peut-être lui qui finalement est l'étranger d'origine parmi les Français... En tant que Français d'origine étrangère, doit-on avoir un talent particulier, pour avoir l'honneur et la fierté d'exister en France? Faut-il gagner des médailles et être qualifié d'irréprochable pour porter fièrement sa nationalité française? La nationalité n'est pas un bonus ni un fardeau, et personne ne peut se retrouver apatride. Il existe un principe en cas d'acquisition d'une nationalité étrangère : "L'acquisition volontaire d'une nationalité étrangère n'entraîne pas la perte de la nationalité française. Pour perdre la nationalité française, il faut le déclarer expressément. Il faut souscrire une déclaration de perte". (source
http://vosdroits.service-public.fr/F3073.xhtml
). Le président de la république ne peut se prémunir de la constitution, puisqu'il est censé en être le garant, et certainement pas de définir les Français de seconde zone.La richesse d'une nation est d'abord dans sa cohésion sociale, quelque soit les origines des hommes et femmes qui la composent, étrangères ou pas. Cette cohésion s'effrite de jours en jours, et il faut en trouver la cause mais certainement pas en stigmatisant à chaque fois les minorités. Le discours de Monsieur Sarkozy ne peut qu'au contraire alimenter ce qu'il tente d'éradiquer. Au-delà de son discourt, c'est ce qu'il y a autour qui dérange. Comment peut-on se lever et applaudir face à de telles paroles ? Il y a donc des gens dans mon pays qui partagent son point de vue! C'est presque pire finalement! Lui, il est dans son rôle. Mais eux? C'est peut-être cette forme de soumission à la hiérarchie qui pousse certains subordonnés à faire ce qu'ils ne voudraient pas. Faut-il s'en inquiéter? En tout cas, la France, ma France, ressemble de moins en moins à celle que je souhaiterai, et le président en est quelque part le responsable. Il ne doit pas oublier une chose : sa fonction lui sera retirer automatiquement un jour (dans 2 ou 7 ans), qu'il soit Français d'origine étrangère ou pas...en espérant que son successeur sache rassembler, au lieu de diviser.
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