Le locataire de Polanski est un film trouble ou qui trouble. La performance de l'acteur est brillante. Mais le trouble est peut être lié àl'acteur principal : "l'immeuble " qui a dans son ventre une "multitude de gens diaboliques" et qui rejettent certains ( la locatrice précédant Roman Polanski, la "gentille" voisine et son enfant puis Roman Polanski lui-même). Ce thème de huit-clos paranoiaque a déjà été abordé dans "Rosamary's baby" . Il apparait que les objets dans la filmographie de Polanski ont cette place dangereuse pour l'homme qui doit parfois s'y soumettre. (cf émission de france -culture cette semaine). Dans l'immeuble il y a l'appartement et dans l'appartement la fenêtre.
Cet objet me semble essentiel. Bien sûr on pensera à "fenêtre sur cour" de Hitchcock .
Une fenêtre sur cour n'est pas une fenêtre sur rue . Cette dernière, chère à Kafka, ouvre sur le monde passant, l'extérieur . Une fenêtre sur cour est "un trou de serrure en grand" pour reprendre l'expression de Wacjman , et donne à voir sur l'intérieur. Le génie de Polanski a été de renforcer ce malaise du voyeurisme, de cette pulsion scopique, dans la scène du dédoublement où, de l'appartement , Roman se voit en face (lui/l'autre homme et lui/l'autre en femme).
Cette impression d'enfermement se retrouve dans le"pianiste" où les fenêtres donnent sur les rues du ghetto , rues qui ne s'ouvrent pas , par définition, à l'extérieur mais sur ses propres rues "internes"