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Billet de blog 29 novembre 2020

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À Marseille, le confinement passe mal

Les habitants de Sainte-Marthe estiment que le confinement est inutile. Certains redoutent de ne pas pouvoir fêter Noël.

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Corinne écarquille les yeux. « C’est la première fois que je vois la police contrôler ici », affirme cette caissière de 37 ans aux longs cheveux roux. À Sainte-Marthe, dans le 14ème arrondissement de Marseille, les habitants estiment que le confinement est inutile. Comme 66 millions de Français, ils sont en partie coincés chez eux depuis le 30 octobre. Un confinement qui pourrait durer tant l’épidémie fait rage. Sur les 7 derniers jours, en France, 330 000 personnes ont été testées positives et 2400 personnes sont décédées.

Sabrina Fernandez, 40 ans, une femme de ménage native de Sainte-Marthe, sort son portefeuille. « 20 euros. Voilà ce que j’ai gagné depuis le début du confinement », déplore la mère de famille, les larmes aux yeux. « Les clients ne veulent plus que je vienne chez eux. Ils sont souvent âgés, ils ont peur. C’est très dur, surtout avec un petit garçon de 10 ans à nourrir ». Elle ne comprend pas les mesures du gouvernement. « On ruine l’économie pour un virus qui ne tue pas. Rangez les masques, les attestations : il faut profiter de la vie ».

Confinement peu respecté

Même constat pour Jaoued Abdelli, un vendeur de bijoux de 39 ans. Son commerce a fermé fin octobre. Vélo et ballon de plage sous le bras, mais sans attestation, lui et son fils Rayan, 9 ans, profitent du soleil. « Le petit a besoin de se défouler », confie le père de famille en souriant. Jaoued estime que le confinement est inutile. « Économiquement, on est au bord du gouffre », déplore-t-il le regard dans le vide. « Mettons les masques, lavons nous les mains et ce virus disparaitra. Il faut apprendre à vivre avec ».

Deux rues plus loin, André Renon, 80 ans, le dos courbé et la canne à la main, attend le bus. C’est un vieux de la vieille. « Moi, j’ai tout vécu. Je n’ai pas peur du coronavirus », se réjouit l’ancien banquier en vérifiant les horaires de son bus. « Je vais faire mes courses à Saint-Jérôme. À mon âge, on a besoin de bouger », murmure-t-il comme s’il était surveillé. André n’a pas d’attestation de sortie sur lui. « Je ne sais pas comment ça marche. De toute façon, qui va me contrôler ? »

Une vision que ne partage pas Aymeric Masson, un étudiant en histoire de 21 ans. Assis à côté, il observe la scène. « Il faut avoir une attestation pour sortir Monsieur », rappelle l’étudiant en retenant sa colère. Sans succès. Il replace sa visière et son masque. « J’ai peur de l’épidémie. Il faut respecter ce confinement ». Aymeric approuve la gestion de l’épidémie par le gouvernement. « Tous nos voisins européens sont aussi touchés. Le couvre-feu, le reconfinement... c’était les meilleures mesures à prendre ».

Un Noël original

« Noël va être différent, c’est sûr », s’inquiète Jacques Monnier, 49 ans, en rangeant les produits de l’alimentation dans laquelle il travaille. « Les commerces non-essentiels ne vont pas rouvrir », se tracasse-t-il. « Comment je vais acheter mes cadeaux, moi ? Je ne

fais pas confiance à internet ». Devant ses clients, ce grand costaud aux cheveux longs ne cache pas son angoisse. « Vous allez faire les fêtes de fin d’année, vous ? », demande- t-il à Odette Lebrun, 77 ans, une ancienne secrétaire qu’il connaît bien. « Non je ne pense pas. Je dois me protéger. »

C’est un noël inédit qui s’annonce. « Le virus ne va pas s'arrêter, donc il faudra s’adapter », rappelait début novembre Olivier Véran, le ministre de la Santé. Les infectiologues, eux, sont plus pessimistes. « En 2020, le Père Noël, ce sera peut-être sur Skype », affirmait vendredi sur BFMTV Gilles Pialoux, le chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris.

Fabio Marletta

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