Le Forum pour d'Autres Indicateurs de Richesse (FAIR) interroge, dans le cadre des élections régionales, les principales formations politiques, sur la façon dont elles abordent la mesure de progrès ou développement humain durable, et l'intérêt qu'elles portent à la mise au point et l'utilisation de nouveaux indicateurs de richesse en région. Voici les réponses de l’UMP.
1) Le PIB (et sa croissance) constituent-ils des indicateurs pertinents pour la définition des orientations de votre formation politique ?
Le PIB n’est pas un indicateur inutile, mais ce n’est pas un indicateur suffisant. Dans l’état actuel de notre appareil statistique, c’est lui qui nous sert à prévoir les recettes fiscales et à piloter notre système ; mais on ne saurait s’en tenir à lui pour déterminer les objectifs des politiques publiques. Comme l’a dit le Président de la République le 14 septembre 2009, lors de la remise du rapport Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social, « nous ne changerons pas nos comportements si nous ne changeons pas la mesure de nos performances ». Pour une raison simple : l’objectif des politiques publiques ne se limite pas à l’augmentation indifférenciée du revenu national : bien sûr, nous souhaitons la hausse du revenu national, mais pas à n’importe quelles conditions. A la différence des Verts qui sont bien souvent partisans de la décroissance, nous ne pensons pas qu’il faille diminuer coûte que coûte la richesse globale, mais nous pensons en revanche qu’il faut faire décroître ce qui, au sein de l’agrégat « PIB », est compté comme de la richesse alors qu’il s’agit de nuisances, ou des conséquences de nuisances (surconsommation d’énergies carbonées, dépenses de réparation des pathologies environnementales ou nutritionnelles, sur-médication, surconsommation des espèces naturelles, etc…).
2) Votre parti utilise-t-il d'autres indicateurs clés pour guider son analyse et ses propositions en matière économique, sociale, environnementale, démocratique ?
Depuis longtemps déjà, nous sommes attentifs à des indicateurs alternatifs, comme l’Indice de Développement Humain. La preuve de l’intérêt de cet indicateur, c’est que la hiérarchie des pays selon l’IDH et la hiérarchie selon le PIB ne sont pas tout à fait les mêmes ! Les Etats-Unis sont devant la France pour le PIB par tête, mais pas pour le Développement humain. Rien d’étonnant à cela : le PIB ne tient compte ni de la nature des valeurs produites (il additionne aussi bien les travaux de dépollution, les embouteillages, la spéculation financière improductive, etc.) ni de leur répartition. Prenons l’exemple de la santé : il ne serait pas raisonnable de s’attacher uniquement à la part des dépenses de santé dans le PIB pour évaluer la performance dans le domaine ! Encore une fois : le pays qui est de très loin le premier pour les dépenses de santé, n’est pas le premier pour les performances concrètes dans ce domaine (espérance de vie en bonne santé, mortalité infantile). A contrario, le Japon est loin devant par ses performances sanitaires, mais pas pour la part du PIB consacrée. Autant dire qu’il ne faut pas utiliser les seules lunettes du PIB pour faire de la bonne politique publique.
3) Cette question fait-elle l'objet d'un débat au sein de votre parti ?
Bien sûr ! Car s’il est facile, et justifié, de critiquer l’indicateur PIB, il n’est pas forcément aisé de s’en défaire !
4) En quoi de nouveaux indicateurs peuvent-ils avoir des répercussions utiles et concrètes sur les politiques mises en oeuvre, au niveau national et au niveau régional ?
Pour reprendre l’exemple de la santé, il est clair que l’objectif d’un Gouvernement n’est pas de multiplier les dépenses en part du PIB, d’une manière purement quantitative ! Ce qui compte, c’est la qualité et la pertinence des actions : un pays peut avoir un PIB plus important s’il consomme énormément d’antidépresseurs ou d’antibiotiques ! Mais à dépenses égales ou mêmes inférieures (et donc à PIB égal voire inférieur), il peut être en meilleure santé générale, s’il se consacre à la prévention plutôt qu’à la « guérison » de pathologies engendrées par un mode de vie déséquilibré. Au niveau régional, il peut en aller de même : la richesse d’une région, ce n’est pas seulement son revenu brut total, qui agrège effectivement un peu tout et n’importe quoi ; c’est aussi son patrimoine, ses paysages, sa beauté, la qualité de ses eaux, de ses infrastructures… C’est pourquoi d’ailleurs, le programme du Mouvement Populaire pour les régionales met l’accent sur l’équipement de nos régions en infrastructures, plutôt que de privilégier la dépense pour la dépense, ou l’emploi public pour l’emploi public : dans les régions que nous gagnerons nous équiperons les villes et les villages en prise pour le rechargement des véhicules électriques. Nous favoriserons aussi l’implantation de maisons de santé partout sur le territoire. Ce sont des mesures inspirées par la « priorité à la qualité de vie » !
5) Quelles doivent être les processus d'élaboration de nouveaux indicateurs ?
Si l’on veut vraiment changer collectivement de comportements, il faut faire valoir les nouveaux indicateurs au niveau européen, puis mondial. C’est pourquoi les conclusions de la Commission Stiglitz font l’objet de travaux au sein des instances comme l’union européenne et l’ONU. Mais cela ne doit pas être un prétexte pour ne rien faire en attendant !
6) Quels engagements prenez-vous, dans le cadre de la campagne des régionales, pour le développement de nouveaux indicateurs de richesse ?
Cf. réponse 4