FAIR : Le PIB (et sa croissance) constituent-ils des indicateurs pertinents pour la définition des orientations de votre formation politique ?
PS : Le Parti socialiste définit ses propositions politiques à partir de l’analyse de multiples indicateurs. La croissance du PIB en fait partie. Cet indicateur nous permet notamment, couplé avec d’autres indices, d’analyser les évolutions conjoncturelles et de proposer des solutions de politique économique. Pour les mesures proposées dans notre contre-plan de relance, nous avons notamment utilisé cet indicateur et chacune de ses composantes (consommation des ménages, investissement des entreprises…). Cependant, il est loin d’être suffisant.
FAIR : Votre parti utilise-t-il d'autres indicateurs clés pour guider son analyse et ses propositions en matière économique, sociale, environnementale, démocratique ?
PS : En matière économique et sociale, le PIB ne peut suffire pour définir nos positions. Nous utilisons de nombreux autres indicateurs : taux de chômage, indicateurs d’inégalités de revenus, d’accès au logement, à l’éducation…, salaire médian et moyen, évolution et composition du revenu des ménages, indicateurs de précarité (même si nous les jugeons insuffisants), accès aux soins, évolutions des dépenses contraintes des ménages…
FAIR : Cette question fait-elle l'objet d'un débat au sein de votre parti ? Au sein de votre région ?
PS : Notre parti s’intéresse depuis plusieurs années à cette question. Le débat a été particulièrement relancé lors de la parution du rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social. Comme l'a écrit le groupe "Crises et changement du modèle de développement" du Laboratoire des idées en juillet 2009, "l’essentiel n’est en effet pas dans les surprises éventuelles que pourraient réserver les conclusions de cette mission dont personne ne doute qu’elles n’iront pas dans le sens d’un changement ou de compléments à nos indicateurs de mesure. Non, l’important est que cette réflexion est intrinsèquement liée à celle du choix d’un autre modèle de développement et qu’aucune solution de compromis n’existe qui puisse déconnecter, dans le raisonnement ou dans le temps, l’élaboration de nouveaux indicateurs de celle d’un passage à l’acte quant à un changement du modèle."Cette question est donc un axe central de notre prochaine convention sur le nouveau modèle de développement économique, social et écologique. Des auditions ont été menées sur ce sujet.
FAIR : En quoi de nouveaux indicateurs peuvent-ils avoir des répercussions utiles et concrètes sur les politiques mises en oeuvre, au niveau national et au niveau régional ?
PS : Pour être utiles à la décision publique, de nouveaux indicateurs doivent apporter une valeur ajoutée en termes de compréhension et d’évaluation de la réalité économique, sociale, environnementale ou démocratique. Une connaissance plus fine des évolutions et des réalités d’un territoire peut permettre d’évaluer les résultats des politiques menées et le cas échéant de proposer de nouvelles politiques ou d’adapter celles existantes. En d’autres termes, le principal apport de nouveaux indicateurs serait d’améliorer l’évaluation des politiques publiques en intégrant des dimensions jusqu’ici non quantifiables, ou mal appréhendées. Il est nécessaire de changer de métrique par la diversification des instruments de mesure. Par exemple, en matière environnementale, de nouveaux indicateurs devraient permettre de ne plus compter les seuls impacts marginaux (qui nourriront une croissance verte dévoyée) mais de raisonner en impacts globaux de la somme de nos activités (ce qui nous conduira vers une véritable transition de société).
FAIR : Quelles doivent être les processus d'élaboration de nouveaux indicateurs ?
PS : Les indicateurs mesurant la richesse sont à la fois utilisés par les acteurs politiques, associatifs et les experts, avec des objectifs différents. Il est donc essentiel, pour élaborer de nouveaux indicateurs, que l’ensemble des utilisateurs puissent être consultés, afin de cerner les besoins de chacun. Les indicateurs ne reflètent pas qu’une vision statistique de l’économie, mais également une façon de concevoir la société et sont des éléments essentiels au débat public. Ils ne peuvent donc être élaborés uniquement par des experts, sans débat démocratique. Un processus de consultation des acteurs concernés et la constitution de groupes de travail incluant des décideurs politiques, des associations et des experts (statisticiens, économistes, sociologues…) sont essentiels à leur élaboration.
FAIR : Quels engagements prenez-vous, dans le cadre de la campagne des régionales, pour le développement de nouveaux indicateurs de richesse ?
PS : Nos collectivités locales ont mis en place des conseils du développement durable dont l’objectif est de prendre en compte l’ensemble des dimensions du développement au niveau local dans l’élaboration des politiques publiques. Dans ce contexte, nos collectivités élaborent une réflexion sur de nouveaux indicateurs et sur une approche globale. La région Nord - Pas de Calais a par exemple organisé une conférence citoyenne sur de nouveaux indicateurs de développement.