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Billet de blog 16 mars 2010

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Consultation des partis par FAIR: les réponses du NPA

Le Forum pour d'autres indicateurs de richesse (FAIR) interroge, dans le cadre des élections régionales, les principales formations politiques, sur la façon dont elles abordent la mesure de progrès ou développement humain durable, et l'intérêt qu'elles portent à la mise au point et l'utilisation de nouveaux indicateurs de richesse en région. Voici les réponses du NPA.

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Le Forum pour d'autres indicateurs de richesse (FAIR) interroge, dans le cadre des élections régionales, les principales formations politiques, sur la façon dont elles abordent la mesure de progrès ou développement humain durable, et l'intérêt qu'elles portent à la mise au point et l'utilisation de nouveaux indicateurs de richesse en région. Voici les réponses du NPA.

REPONSES DU NPA POUR LA LISTE « TOUT CHANGER, RIEN LACHER » CONDUITE PAR OLIVIER BESANCENOT

D'abord quelques remarques sur le texte introductif proposé.

- Il est faux de présenter de façon générale le PIB comme « l'un de nos principaux repères de pilotage des politiques publiques ». Il n'y a plus de pilotage des politiques publiques depuis la victoire mondiale du capitalisme libéral dans les années 80, même plus de planification indicative « à la française ». Ce pilotage est simplement fondé sur le rythme de la hausse des prix, l'évolution des agrégats monétaires et les taux d'intérêt. Les gouvernements, qui ont abandonné leurs prérogatives en matière économique, ne se sentent impliqués que lorsqu'il faut sauver les banques !

- Le PIB n'est pas, et n'a jamais été, « cet indicateur qui n'a pas permis de nous alerter sur les dangers sociaux, économiques, et environnementaux qui s'annonçaient ». Ce n'est pas son objet. Par contre les excès de la financiarisation et la dégradation de l'environnement ont été dénoncés sans succès, depuis longtemps, et par de nombreux observateurs même pas tous de gauche.

- La commission Stiglitz n'a pas « conforté l'idée de la remise en cause du PIB ». Au contraire, ses seules propositions concrètes sont de simples améliorations (déjà en cours dans certains pays) de la comptabilité nationale actuelle, notamment en matière de répartition du PIB.

- Evidemment nous ne croyons pas qu'une société capitaliste puisse devenir « une société du "bien vivre pour tous, ensemble, dans un environnement préservé et partagé" ».

1) Le PIB (et sa croissance) constituent-ils des indicateurs pertinents pour la définition des orientations de votre formation politique ?

Non bien sûr ! Le PIB est simplement un indicateur macroéconomique de la création de richesse marchande. La comptabilité nationale laisse de coté des éléments importants de bien-être de la population faute de savoir leur donner une valeur monétaire. C'est le cas du travail domestique que l'on peut évaluer, selon les méthodes, à l'équivalent du tiers ou des deux tiers du PIB : l'importance de ces chiffres et de leur différence justifient leur exclusion du PIB actuel. De même on ne sait pas encore mesurer les interactions, positives et négatives, entre l'Economie et l'Environnement. Et ce n'est pas la mascarade des « échanges de droits à polluer » qui va aider à résoudre ce problème.

Et encore moins la croissance du PIB ! Sans être des « décroissants », nous pensons que la question de la répartition, et des inégalités, est bien plus fondamentale que celle de la croissance. Mais la comptabilité nationale ne se réduit pas au PIB et fournit des éléments de répartition du PIB: partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits, évolution du pouvoir d'achat, comptes de revenus et de patrimoine par catégories de ménages, ...

2) Votre parti utilise-t-il d'autres indicateurs clés pour guider son analyse et ses propositions en matière économique, sociale, environnementale, démocratique ?

Oui, les indicateurs directs de la conjoncture économique (salaires, emploi, chômage, taux de marge) sont suivis, sans oublier l'aspect « inégalités de genre » de ces indicateurs. Ainsi que la situation des finances publiques, dont il ne faut pas regarder que la dette, mais aussi les recettes (évolution et répartition de la fiscalité) ainsi que la contribution aux dépenses sociales. Nous nous intéressons également aux indicateurs sur la détention et la structure des patrimoines. Et enfin, à ceux relatifs à la santé au travail et aux expositions professionnelles.

3) Cette question fait-elle l'objet d'un débat au sein de votre parti ? Au sein de votre région ?

Pas sur le PIB directement, mais il y a eu des discussions sur la « décroissance » au niveau national et régional, notamment à l'occasion de la constitution des listes pour les régionales.

4) En quoi de nouveaux indicateurs peuvent-ils avoir des répercussions utiles et concrètes sur les politiques mises en œuvre, au niveau national et au niveau régional ?

Nous soutenons plusieurs des propositions contenues dans le rapport sur la mesure des inégalités élaboré pour le CNIS par un groupe de travail placé sous la responsabilité de Jacques Freyssinet.

Nous souhaitons une amélioration des données sur la santé et les expositions professionnelles ainsi que sur les inégalités de santé en général.

Enfin, il y a matière à une élaboration supplémentaire en matière de réchauffement climatique et de dégradation des sols, en construisant des indicateurs physiques non monétaires.

5) Quelles doivent être les processus d'élaboration de nouveaux indicateurs ?

L'élaboration de nouveaux indicateurs et l'amélioration de ceux qui existent doit s'opérer par l'interaction entre acteurs sociaux et experts du système statistique public. Cela suppose des instances adéquates aux procédures de travail transparentes. La collecte des données et la production des indicateurs, une fois ceux-ci définis, doivent être faites en toute indépendance par le système statistique public.

6) Quels engagements prenez-vous, dans le cadre de la campagne des régionales, pour le développement de nouveaux indicateurs de richesse ?

Nous serons attentifs à la dimension régionale des indicateurs cités aux points 2 et 4, ainsi qu'à leur mode de définition avec les acteurs sociaux régionaux.

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