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Billet de blog 2 septembre 2016

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Le Prince Hollande

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il faut bien le reconnaître, François Hollande est un homme composé d'un bois étrange capable de résister aux vicissitudes de la vie politique.  Il apparaît presque toujours où personne ne l'attend et pourrait créer la surprise en 2017. Chronique d'une victoire annoncée.  (Il s'agit d'une hypothèse que je formule dans le but d'alimenter la discussion)

-La seule alternative. 

Hollande a réussi en l'espace de 4 ans à vider la droite de sa substance. Avec un gouvernement axé autour de Valls (la figure autoritaire) et Macron (la figure de droite) il s'est approprié les principaux thèmes de prédilection de la droite, qui se voit en partie dans l'obligation de durcir ses positions dans le but d'exister. Elle se trouve prise en sandwich entre un président ambigu dont on ne sait plus bien s'il est de gauche et l'extrême droite. Ainsi, la politique actuelle menée par le gouvernement pousse la droite à se déplacer sur l’échiquier politique pour se rendre audible. Certains ténors de la droite notamment Nicolas Sarkozy sont désormais contraints de jouer la surenchère sécuritaire au risque à terme de les rendre non-fréquentables et donc non éligibles. Dans ce contexte, si Nicolas Sarkozy remporte la primaire à droite, Hollande pourrait constituer l’unique alternative "raisonnable". C’est ce qu’il souhaite, être le "moins pire" entre d’une part la droite incarnée par un Nicolas Sarkozy encore plus clivant et l’extrême droite de Marine Le Pen. Dans l’éventualité d’un tel scénario, l’impopularité de François Hollande ne serait pas un frein à sa réélection. L’intéressé n’est en effet pas réellement en quête de sommets dans les sondages.

Plusieurs éléments peuvent toutefois invalider cette hypothèse, à commencer la possible victoire de Juppé aux primaires de la droite.

-L’obstacle Juppé

Juppé, porté par son image, a plus de chance de remporter l’élection présidentielle que tout autre candidat à droite. Pour le moment, le maire de bordeaux a choisi de tenir un discours plus consensuel. Deux options s’ouvrent à lui : continuer d’incarner la « Droite raisonnable » ou converger vers des positions plus clivantes pour donner le change à Sarkozy.

-Le faux Judas

Les médias se sont largement enflammés suite à la démission d’Emmanuel Macron, ce judas, traître qui aujourd’hui se retourne contre celui qui lui a ouvert les portes de bercy. Jusqu’à très récemment Macron replissait principalement deux fonctions : 1) incarner l’aile droite de la gauche 2) irriter Valls. Aujourd’hui, il semble s’être émancipé de François Hollande et manifester de plus grandes ambitions.  

Avec son jeune mouvement, il est indéniable qu’Emmanuel Macron a peu de chances d’être élu dès 2017. Son départ récent du gouvernement lui permet de retrouver une plus grande marge de manœuvre et de se consacrer à l’essor de son mouvement lequel se veut affranchit du clivage droite / gauche, mais qui dans les faits ravit à la droite des thèmes qui lui étaient chers (les 35 heures, la compétitivité, le patronat, le droit du travail etc…) l’ire que provoque Emmanuel Macron à gauche et à gauche de la gauche contribue à renforcer sa crédibilité et à en faire une alternative pour les modérés de la droite et les électeurs du centre (« je ne suis pas socialiste). Macron pourrait ainsi très vite consolider ses positions et acquérir le statut de nouveau ténor de la « gauche moderne ». Reste à savoir s’il continue de soutenir Hollande. Nous n’avons pas autant de certitude que les journalistes qui titraient sur la trahison de Macron. Les rapports entre Hollande et son ex-ministre de l’économie sont bien plus complexes. Il pourrait en outre lui apporter son soutien. Si ce n’est pas le cas, la seule présence d’Emmanuel Macron suffit à vider la droite de son contenu et à redessiner l’échiquier politique à la faveur d’une gauche moderne, réformiste, pro-libérale, pro-patron reste à la droite le thème de la sécurité. Dans l’hypothèse ou Macron se retrouverait en campagne il permettrait de disperser les voix du centre, de la droite modérée et d’une partie de la gauche sans pour autant être en mesure d’évincer François Hollande. Si Emmanuel Macron décide de soutenir François Hollande, il pourrait bénéficier d’une partie du report de voix.

-Valls à 3 temps

Manuel Valls a signé son arrêt de mort en acceptant la fonction de premier ministre. Populaire dans les  premier mois du quinquennat, il est par la suite concurrencé, puis supplanté par Emmanuel Macron. Hollande Macron et Valls tous 3 engagés dans une valse à 3 temps qui permet à Hollande de maitriser les ambitions politiques de son premier ministre… qu’il a peu à peu isolé

Valls est durablement identifié comme une figure autoritaire. Contraint d’exécuter les décisions de l’exécutif il s’est illustré par l’usage multiple de l’article 49 alinéa 3. Dans les faits, Valls disposait de peu d’options: Reculer, satisfaire l’aile gauche du parti, un aveu de faiblesse pour l’opposition. Passer en force au risque de perdre le soutien de la gauche, mais contenir l’opposition. Le choix fut fait de passer en force, suicidaire sur le plan de l’opinion (certes), mais à moyen terme le couple Valls-Hollande et surtout Hollande peut s’enorgueillir d’avoir mis en œuvre des reformes et de s’en être donné les moyens (le fond des réformes est discutable). Valls est l’homme qui incarne un des arguments de campagne de François Hollande pour caractériser son bilan : l’obligation de moyens (à défaut de résultats très probants). Pour autant, Manuel Valls dispose sur le président d’un pouvoir de nuisance dans l’opinion qu’il peut exploiter s’il souhaite réduire les chances de l’actuel président.

Conclusion

Cet homme à qui certains reprochent de vouloir s’inspirer de Mitterrand oublient une chose essentielle. Hollande est un animal politique à sang-froid capable bien plus encore que ses prédécesseurs de tirer parti de situations inextricables. Son action politique ne s’analyse pas uniquement à travers le bilan de sa politique. Il est légitime d’exiger un droit d’inventaire. Il sera sans aucun doute fait, mais ne suffira pas à réduire ses chances (ce ne sera pas le coeur de la campagne). Hollande a modifié l’échiquier politique. Il pousse la droite comme la gauche à se questionner quant aux valeurs qu’elles souhaitent incarner. Dans cette confusion, son ambigüité pourrait constituer un atout. 2017 sera une élection dure, une radicalisation du débat autour de thèmes identitaires est à craindre. Par ailleurs aucun candidat naturel n’émerge, dans un tel contexte une multiplication des candidatures pourrait engendrer une dispersion des voix  !

Pronostic : un second tour : Hollande / Le Pen (45%) ou Hollande / Sarkozy (55%).

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