La diversification des moyens d’expression offre aujourd’hui la possibilité à chacun de donner un avis sur tout. Il est ainsi aisé parfois en ignorant tout d’un sujet de partager son opinion. L’opinion bien que parfois erronée trouve un certain écho au sein de la population. La vérité devient alors l’opinion du plus grand nombre et s’affranchit du raisonnent, du savoir , et du réel. Séparée de ces concepts essentiels, la vérité pourrait-elle encore être considérée comme telle ?
Philein sophia, l’amour de la sagesse. C’est ainsi que se définit la philosophie. Elle nous enseigne que la vérité ne se décrète pas mais apparait à l’issue d’un processus réflexif. Les philosophes empruntent des méthodes différentes, de la maïeutique au doute cartésien, elles sont personnelles mais chacune ont pour objectif de faire émerger le vrai, la connaissance, la sagesse. Chaque philosophe établit un dialogue avec lui-même (remise en cause de ses opinions), avec autrui. C’est ce partage qui permet de nourrir la réflexion et ainsi d’éviter de s’enfermer dans ses propres opinions, préjugés et de se laisser abuser par nos propres sens. Ainsi, toutes nos perceptions n’ont donc pas nécessairement valeur de vérité, confondre les deux revient à distordre le réel et à la remplacer par la représentation personnelle que nous en avons. L’opinion, lorsqu’elle s’exprime doit donc se soumettre à un travail de critique. Le dialogue revêt une importance primordiale dans ce cadre.
Le dialogue est le moyen par lequel il est possible d’exposer des idées. Il peut aussi prendre une forme introspective (dialogue avec soi-même). Pour être fécond chaque interlocuteur est tour à tour émetteur et récepteur, à l’écoute, puis orateur. C’est cette confrontation d’idées à visée argumentative qui ouvre une voie vers la vérité.
Le discours des réseaux sociaux échappe parfois à ce processus. Ainsi, toute opinion fait figure de vérité et le dialogue s’avère très souvent tendu. L’absence de doute méthodique concoure à faire des réseaux sociaux une agrégation d’opinions pétries de certitude, de perceptions personnelles du réel érigées au rang de vérité absolue. L’opinion qui convient au plus grand nombre est plébiscitée, mais ce qui nous convient n’est pas nécessairement une description fidèle du réel. Sans analyse critique c’est le discours des passions qui devient dominant. Dans ce contexte on peut craindre que l’héritage de la philosophie ne soit remis en cause...