Lorsque l’on parle d’islam, les passions se libèrent. Le politique y voit un champ dans lequel il peut s’exprimer en ramenant la réflexion sur le terrain des valeurs (dans une période d’élections). Valeurs de la République auxquelles l’Islam ne pourrait plus se conformer. Et pourtant, si tous nos actes devaient être analysés à travers le prisme des valeurs « Républicaines » il faudrait élargir le cercle de citoyens sur lequel porte le doute. A mesure que le débat se dessine les lignes de fracture se font plus profondes.
Voir le djihadisme avant tout comme un fait religieux met l’islam au cœur du débat, avec l’idée sous-jacente d’une violence inhérente à la religion de Mahomet. Toutes les religions portent une ambiguïté concernant la violence. C’est le regard qui est porté et la compréhension que nous en avons qui donne corps au texte. Dès lors, on ne pourrait considérer la violence comme spécifique à l’islam. On enregistre toutefois une intensification des actes barbares de l’islamisme radical qui trouve chaque fois plus de résonnance dans la sphère politique sans que nous puissions échapper à une grille de lecture monochrome. Le problème s’entretient et le décryptage que nous en faisons-nous condamne à la fracture en faisant porter le doute sur chaque musulman. C’est à cette extrémité que nous pousse le traitement du djihadisme comme simple fait religieux.
L’analyser comme un fait de société nous oblige à élargir le débat. Plutôt que de faire porter le doute, cette approche oblige à nous questionner ensemble sur les rapports que nous entretuons au sein de nos sociétés notamment sur l’exclusion, l’éducation et la pauvreté. Ces thèmes souvent inexistants au sein du débat actuel sont toutefois des clés essentielles pour lutter contre l’obscurantisme. C’est en effet contre la pauvreté intellectuelle que nous devons lutter afin de ne pas réduire l’autre à une caricature qui entretient nos peurs.
Dès lors, la guerre contre le terrorisme doit également se préciser. C’est contre une doctrine que la guerre a été déclarée, contre une doctrine qui prend les traits d’un totalitarisme en raison de ses ambitions à régir l’ensemble des sphères de la société. Totalitarisme dont le moyen d’action est la terreur. C’est bien lorsque la religion bascule dans la sphère publique que le danger advient. Elle ne peut plus être considérée comme religion à part entière, mais comme une structure politique au fondement religieux (elle se distingue donc du simple fait religieux) Le problème n’est donc pas l’islam, mais la référence qui en est faite pour justifier un régime. Actuellement, il y a bien confrontation entre deux systèmes politiques l’un qui se veut comme une émanation du peuple, démocratie. L’autre comme une émanation de « Dieu ». L’un se fonde sur l’adhésion et l’autre l’oppression. Restreindre les libertés individuelles dans ce contexte, est donc un paradoxe dans la mesure où la lutte contre le totalitarisme ne pourrait s’appuyer sur une forme de soumission. Cette Guerre nous questionne donc sur notre capacité à préserver et rénover la démocratie avec comme nécessité le dialogue au sein de nos sociétés occidentales mais également autant que possible avec les populations souffrant des régimes autoritaires, victimes elles aussi.