Il fut un temps où le français était la langue diplomatique par excellence, en même temps que celle des aristocrates dans une grande partie de l'Europe. Faut-il y voir un âge d'or révolu? Pas nécessairement. Toujours est-il que l'anglais a, depuis, pris un avantage considérable (il n'est pas difficile de s'en rendre compte) et que le français se cramponne tant bien que mal à la place du "brillant second" dans les institutions internationales. Ainsi passent le temps, les hommes...
Plus inquiétant à mon sens, on observe depuis quelque temps, dans notre pays, une tendance à faire primer l'anglais sur le français, alors même que nos "cousins" québécois défendent avec acharnement (et pour cause...) cet élément culturel fondamental qu'ils partagent avec nous.
Le philosophe Michel Serres a ainsi fait récemment le constat que les murs de Toulouse sont aujourd'hui davantage couverts de mots anglais qu'ils ne l'étaient de mots allemands sous l'Occupation.
Une place importante, voire prépondérante, est accordée à l'anglais dans les domaines de la publicité, du tourisme, de la science, des affaires...
Le français a ainsi été banni, entre autres, des enseignements de l'EDHEC (business school, of course). On ne compte plus les colloques où seul l'anglais a cours. Notre compagnie aérienne "nationale" a choisi pour sa stratégie "marketing" le slogan France is in the air. À certains accès du métro parisien, l'invitation au voyage "Discover Paris and its region" apparaît au-dessus et en plus gros caractères que sa traduction dans la langue "locale".
On se souvient également de la polémique provoquée par un article de loi visant à recourir davantage aux enseignement en anglais dans les universités françaises, lesquelles doivent être regardées non plus comme de simples établissements d'enseignement et de recherche, mais comme de véritables entreprises, concurrentes entre elles, qui ne doivent avoir de cesse de s'adapter à la "mondialisation heureuse"...
Bien entendu, il ne s'agit pas de déclarer la guerre à la langue de Shakespeare, ni de s'enfermer dans un chauvinisme rance. Cela dit, la qualité de l'accueil réservé à nos nombreux visiteurs (de nationalités diverses et aux motivations variées) implique-t-elle nécessairement un effacement de notre langue, une honte de nous-mêmes en quelque sorte?