Il y a un an et demi éclatait l'affaire Cochard, catalyseur du mouvement #MeTooGay.
J'ai alors publié un billet, toujours visible sur ce blog; je n'y reviens pas.
Depuis, la plainte visant Maxime Cochard et son compagnon Victor Laby a été classée sans suite et la question se pose désormais pour eux de recouvrer leurs prérogatives au sein du PCF et, pour le premier, à la Ville de Paris.
Dans la foulée, une tribune publiée sur ce site le 4 juillet dernier vient proclamer qu'un classement sans suite "n'est pas synonyme d'innocence".
Que les auteurs de cette tribune aient été bouleversés par la fin tragique de Guillaume T. se comprend aisément.
Que Maxime Cochard et Victor Laby leur soient antipathiques peut se concevoir.
Cependant, leur discours verse fâcheusement dans l'affirmation d'une "culpabilité par accusation", expression que je tire d'un article consacré à l'affaire par l'hebdomadaire Marianne.
Évoquer de manière aussi péremptoire une "présumée responsabilité" et une "agression sexuelle subie" sans que la justice n'ait statué en ce sens revient à dénier à Maxime Cochard et à Victor Laby un droit essentiel, proclamé dès 1789 et qui constitue le fondement même de la procédure pénale: la présomption d'innocence.
En l'espèce, le parquet a considéré qu'en l'absence d'éléments probants, l'infraction est insuffisamment caractérisée; dès lors, il ne paraît pas opportun, à ce stade, d'engager des poursuites.
Cela dit, cette décision n'est pas définitive et si certaines personnes sont en mesure de témoigner d'agissements répréhensibles de la part du couple et, par là même, d'enrichir le dossier, il leur appartient de se manifester.
Dans l'attente, rien ne permet de conclure à la culpabilité de Maxime Cochard et Victor Laby, qui ne sauraient donc être privés des droits dont bénéficie chaque citoyen.
Certes, en se donnant la mort, Guillaume T. a emporté avec lui une grande part de mystère et, toute confrontation entre lui et ceux qu'il a accusés de viol étant désormais impossible, il semble fort probable que la vérité demeure à jamais inconnue.
On ne peut que déplorer cette situation.
Mais lorsque l'on songe un instant au fiasco judiciaire et médiatique d'Outreau ou à l'affaire Dreyfus, le respect de la présomption d'innocence paraît constituer le "principe de précaution" le mieux à même de garantir une justice digne de ce nom, à défaut d'être parfaite.