On ne tire pas sur une ambulance, avait écrit Françoise Giroud à propos de Jacques Chaban-Delmas, candidat gaulliste à l'élection présidentielle de 1974. A fortiori sur un cadavre...
Il y a quarante ans, Emmanuel Todd avait écrit un ouvrage prémonitoire, dont j'emprunte aujourd'hui le titre, et qui lui avait valu des sarcasmes de tous bords. Il y prédisait l'effondrement inéluctable du bloc soviétique alors que la plupart des esprits en vue comme des politiques semblaient tenir pour immuable la division de l'Europe et du monde en deux camps, condamnés à se regarder en chiens de faïence. Willy Brandt, chancelier de la République fédérale d'Allemagne, n'avait-il pas, d'une certaine manière, pris acte de la division de son pays en deux États?
À l'époque, le Parti communiste français rassemblait plus de 5 millions d'électeurs, ce qui en faisait le premier parti de la gauche française. L'alliance avec le jeune Parti socialiste annonçait la victoire dans les urnes et des lendemains radieux...
Las, passée l'euphorie de mai 1981, la gauche de gouvernement a déçu et le PCF a amorcé un lent déclin, entrecoupé de brèves périodes de stabilisation: de 20% à 15%, puis à 11%, puis à 8%, puis à 3%, pour aboutir au calamiteux 1,93% de Marie-George Buffet à l'élection présidentielle de 2007. Parallèlement, l'implantation locale de ce parti et le nombre de ses adhérents ont considérablement diminué.
Et demain? Le PCF va-t-il présenter un(e) candidat(e) qui récoltera 0,xx% des suffrages avant, histoire de sauver une poignée d'élus, de se raccrocher au PS à la manière de la cinquième roue du carrosse, carrosse qui a plutôt les apparences d'une citrouille?
À moins que les militants, que je salue au passage, ne fassent preuve, à la fin de ce mois, du bon sens et de la lucidité qui ont malheureusement fait défaut à la majorité des cadres du parti.