"Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre."
Cet avertissement solennel de Winston Churchill au lendemain de la signature des accords de Munich pourrait s'adresser, sous la forme suivante, aux représentants du Parti socialiste:
"Vous aviez le choix entre la défaite et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la défaite."
La gauche en général et le PS en particulier étaient parvenus, chose inédite, à conquérir tous les pouvoirs, tant locaux que nationaux.
Aussitôt, le Président de la République et ses séides se sont cyniquement appliqués à réduire à néant les espérances que des millions d'électeurs avait placées en eux.
Dernier avatar en date: la loi "visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" (tel est le titre pompeux de ce texte), a été adoptée à la hussarde par le truchement de l'article 49-3 de la Constitution.
Des voix se sont élevées et des plumes se sont émues du caractère jugé scélérat de ce projet, le dépôt d'une motion de censure "de gauche" a été tenté (et raté à deux voix près)...
Si l'on considère qu'un projet de loi est néfaste pour le peuple que l'on est censé représenter, il semblerait logique que tout soit mis en œuvre pour lui barrer la route.
Au lieu de cela, les proches de Martine Aubry ont refusé de prêter main-forte aux "frondeurs" du PS, faisant ainsi capoter la tentative de motion de censure "de gauche".
Les "frondeurs", quant à eux, malgré le mépris affiché par le Premier Ministre (alias Monsieur 5%) à leur égard, n'ont pas joint leurs voix à la motion déposée par la droite, dont les motivations n'étaient certes pas les mêmes.
Bilan: le texte honni passe comme une lettre à la poste mais, lâche soulagement, le spectre d'une scission du PS et du retour de la droite au pouvoir est momentanément écarté... au prix d'un "Munich social", pour reprendre la formule de feu Philippe Séguin.
Momentanément, peut-on dire, tant la débâcle électorale paraît inéluctable pour le PS.
Il est en effet peu probable d'une part que le grand patronat manifeste une quelconque reconnaissance du ventre à l'égard d'un pouvoir qui l'a tant gavé de largesses, d'autre part que le "peuple de gauche" oublie l'ampleur de la trahison.
Et ce ne sont sans doute pas les "eh oh la gauche!" ni les "au secours! la droite revient" qui modifieront la donne.
Quant à l'unité de façade affichée tant bien que mal (plutôt mal que bien) par le PS, survivra-t-elle à la déroute tant annoncée?
Et, qui sait, les représentants de la "gauche moderne" ne seront-ils pas tentés, à l'instar des Kouchner, Besson, Bockel et consorts, de faire acte d'allégeance au nouveau pouvoir (selon toute vraisemblance, de droite), moyennant quelques maroquins?