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Billet de blog 28 décembre 2015

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"Quoi de plus beau que la liberté"

"Quoi de plus beau que la liberté"... Un ami proche m'a donné 4 heures pour étudier la question et c'est ce texte que ce sujet m'a inspiré. Je vous en souhaite bonne lecture.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le jour le plus beau c’était le jour où j’ai ressenti cette ivresse d’être enfin libre.

J’avais cette impression de légèreté en moi tel un oiseau à qui on avait donné la possibilité de s’échapper de sa cage dorée en laissant la porte entrouverte.

Je venais de déclarer une fin de non-recevoir à mon ex-mari, j’avais mis un terme à une union de plus de 10 ans.

Une union liberticide où tous mes acquis sociaux m’ont été ôtés au fils des années .

Je me suis mis à courir, à danser : « la danse de Saint Gui ». Les gens me regardaient étrangement mais je n’en avais cure.

Je voulais vivre ma nouvelle vie, ma liberté retrouvée.

Je riais à gorge déployée de tout et de rien.

Je vivais ma vie comme si je n’avais jamais vécu avant.

J’étais redevenue Fatiha. Fatiha la révoltée, Fatiha la Terrible, Fatiha la passionnée. Fatiha qui luttait contre les injustices et les libertés perdues.

J’étais la Fatiha qui allait sauver mon « Monde à moi » trop longtemps enfermé entre 4 murs.

Tel un animal sauvage, je fus prise de sueurs dès mes premiers pas vers l’extérieur.

Je humais l’air de la liberté avec gourmandise.

Je hapais l’air qui m’entourait avec délice.

J’avais une sensation étrange au fond de moi. Cette sensation de renouveau. Cette sensation qu’une nouvelle page se tournait.

Je découvris à nouveau le gout de partage, le gout d’échanger. Je pouvais parler de tout sur les sujets sans tabous sans limite.

Je n’avais plus aucune limite. Et je me répétais sans cesse « quoi de plus beau que la liberté ».

Ma priorité c’était de me faire tatouer un colibri.

Le Colibri était pour moi le summum de la liberté et la marque évidente d’un changement dans ma vie.

Toute fière je me dirigea alors chez un tatoueur réputé de Lunel.

Mais dès la première morsure de l’aiguille sur ma peau, j’étais tétanisée par la douleur.

La liberté me coutait cher en fin de compte. Deux heures de torture désirées pour prouver au monde entier mon courage devant l’adversité.

Et à ce moment-là je  maudis ma témérité.

Serrant les dents je fis abstraction de ces maux qu’on m’infligeait suite à mon consentement éclairé.

Je me détendis enfin en imaginant que ces maux allaient disparaitre avec mes mots et mes mots.

Je commença alors à parler comme une pipelette avec mon bourreau occasionnel et j’oublia cette partie de non plaisir partagé.

J’en retira même une sorte de jouissance. Je me suspendis à ces lèvres et j’attendais que l’aiguille s’arrête dans sa danse folle et puis j’entendis un « madame c’est fini ».

Je fus pris d’un tremblement intense, d’un frisson de bas en haut. Je me contracta si fort que je fus pris d’un vertige empli de sensations innouies.

 La liberté ne faisait qu’un avec moi, elle m’enveloppait de ses bras majestueux dans une caresse si douce que j’en tressaillis de bonheur et où la peur n’avait plus sa place.

Aussi je me dis encore avec mon colibri dans le dos posé sur sa branche. Je me dis à nouveau inlassablement répété dans ma tête « quoi de plus beau que la liberté ».

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.