Comment être d'accord avec les tenant de la «décroissance» quand Yves Cochet prétend que c'est la seule alternative à «la guerre civile» (Marianne n° 658)? Le problème, posé de cette façon, laisse peu de place à la réflexion politique. S'il est tout à fait raisonnable de penser que la « guerre civile », dans le sens de la guerre de tous contre tous, est l'horizon possible de notre descendance dans un monde ou chaque terrien voudrait avoir le niveau de vie du français moyen d'aujourd'hui, il n'est pas sérieux de prétendre que la « décroissance » est l'alternative qui, seule, s'impose.
Il existe bien d'autres façons d'échapper à cette prétendue inéluctable « guerre civile ». Les partis politiques de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par les verts, n'ont-ils pas vocation à défendre la leur devant les électeurs ? Affirmer que la décroissance est la seule solution pour éviter cette guerre, c'est s'inscrire dans un cadre idéologique restreint. Comment ne pas voir, par exemple, qu'en sarkozie, plutôt que la guerre de l'ultralibéralisme, du tous contre tous, c'est la guerre inter-communautaire, des tribus, qui pourrait être notre horizon. Avec les républicains, c'est plutôt la guerre de « la Nation mobilisée », aux frontières, qui serait probablement privilégiée ; l'extrême droite, elle, choisirait la guerre aux « métèques », aux arabes aux noirs et aux juifs et l'extrême gauche, la guerre aux patrons et aux « profiteurs ». Ces quelques façons, et il en est d'autres, de résoudre, politiquement, le problème posé par Yves Cochet devrait le conduire à être plus pertinent dans l' énoncé qu'il en fait. Par exemple, il aurait pu dire: qu' à défaut d'opter volontairement et collectivement pour la décroissance, les français, de souche, d'immigration ou captifs, selon qu'ils auront quelque chose à défendre, en commun ou pas, seront conduits à se prononcer sur la guerre qu'ils préfèrent ou... devront subir la guerre du tous contre tous !