Une autorité scientifique a pu écrire :
« puisqu'on ne peut oblitérer ce que la science a découvert ni « désinventer » ce que la technique a inventé, seuls les interdits ouvertement obscurantistes, c'est à dire des interdictions de recherche dans des directions supposées trop problématiques, seraient éventuellement capables d'épargner à l'humanité les choix difficiles que le progrès scientifique et technique engendre immanquablement. Á l'inverse l'éthique démiurgique traite l'innovation scientifique et technique comme un fait acquis, ni plus ni moins, et estime que puisque le pouvoir ainsi généré existe, il conviendrait d'en faire un usage prudent »,
sans provoquer à gauche, à ma connaissance, un débat de grande ampleur...
En revanche l'autorité religieuse a eu une réaction très virulente et argumentée. Le Père Jean Boboc, prètre orthodoxe et Docteur en médecine à la faculté de Paris, écrit, à propos du texte cité*. : « Cette opinion du bioéthicien genevois, Alex Mauron, est symptomatique de la situation actuelle. Les interdits moraux seraient obscurantistes, le fait accompli est acquis et l'on se contente d'en appeler, sans trop y croire, à la sagesse des scientifiques.
De telles acceptions du fait accompli et le frileux appel à la prudence, sont le signe de l'évanouissement de toute ligne de résistance aux inéluctables transgressions, toutes conséquences plus ou moins directe d'avoir refusé d'admettre le caractère sacré de la vie. Intrinsèquement mêlé à la désagrégation de la bioéthique devenue permissive à l'extrême , l'idéologie transhumaniste pénètre tous les secteurs de la société sous l'habit du progrès et de l'inéluctabilité de l'application de tout ce qu'il est possible de faire. Porteuse du refus de toute contrainte et de toute autorité, cette idéologie nous appelle non seulement à un devoir d'information et de résistance, mais à un sursaut moral par une véritable insurrection intellectuelle contre cet attentat anthropologique et les irréversibilités qu'il entraine. »
Pour un laïc les propos du Père Boboc sont problématiques. Il ne s'insurge, en fait, bien que très vigoureusement, que contre un transhumanisme qui heurte ses croyances. Mais, si on a compris que cette utopie ne peut prendre consistance que dans une société néolibérale, la gauche pourrait s'en mêler et, en ôtant ses œillères anti mouches religieuses, trouver des militants là ou elle pourrait en trouver ...
* Jean Boboc - le Transhumanisme décrypté - Métamorphose du bateau de Thésée - préface de Pierre Magnard - Apopsix édition