Vu et entendu: "Ce soir ou jamais" (FR3)
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[…] "Les PME/PMI constatent que si la mode dans les très grandes entreprises est à l'externalisation (ce qui serait du pain béni en période de croissance), celle-ci se solde surtout par une délocalisation au-delà de nos frontières, vers des pays où le salaire moyen à poste équivalent ne dépasse pas les 400 $ par mois (environ 250 euros).Les recettes fiscales sur les salaires vont encore reculer en 2010. Il n'est pas certain que les gains de productivité des entreprises du SBF 120 rempliront les caisses de l'Etat. En effet, le taux d'imposition moyen du bénéfice des grands groupes du CAC 40 (grâce à leurs centaines de filiales implantées dans des paradis fiscaux) n'est que de 8% -- contre plus de 30% pour nos PME-PMI.▪ Autrement dit, ce sont les entreprises petites et moyennes -- censées réemployer les salariés dont se débarrassent les multinationales -- qui sont également les plus lourdement taxées (trois à quatre fois plus en moyenne) dès qu'elles parviennent à extraire quelques bénéfices.Cela relève de l'exploit : la plupart d'entre elles sont contraintes de sacrifier leurs marges pour conserver leurs plus gros clients en cette période difficile... sauf que cela fait presque 20 ans que les temps sont difficiles.La chute du Mur de Berlin s'est accompagnée de l'ouverture de la Muraille de Chine. Ce fut l'avènement du règne du "toujours moins" (en termes de coût et de normes sociales), symbolisé par le concept de "walmartisation" du monde. Il s'agit d'une spirale sans fin de salariés très pauvres produisant pour d'autres salariés qui ignorent qu'à force d'acheter moins cher aujourd'hui, ils deviendront eux-mêmes beaucoup plus pauvres demain... et exigeront des prix encore plus bas.Un de mes amis, bon connaisseur de la Chine (où il réside et travaille plusieurs mois par an), m'assurait que nos extrapolations de hausse du niveau de vie local (qui serait calquée sur la hausse du PIB) repose sur notre méconnaissance de l'inégalité du partage de la richesse... et sur l'aspect bluffant des forêts de grues qui se dressent au coeur des grandes métropoles côtières.Des groupes immobiliers locaux ont obtenu des centaines de milliards de yuans pour construire ces trois dernières années... Cependant, tout comme à Dubaï, les banques locales commencent à se demander qui seront les futurs occupants (propriétaires ou locataires) : curieux que si peu des stratèges fans de la Chine se posent la question..."*
* extaits d'un article de Philippe Béchade publié dans la "Chronique AGORA" du 21 décembre 2009 ---------------------------------------------------------------« Par deux arrêts récents de la Cour de justice des communautés européennes, l’Europe sociale a subi un revers. Dans l’affaire Viking, une compagnie maritime finlandaise souhaitait faire passer un navire sous pavillon estonien afin de ne pas avoir à appliquer la convention collective des marins finlandais. Dans le cas Laval, une entreprise lettone menait un chantier de construction en Suède sans respecter les conventions collectives suédoises. Dans les deux cas la Cour a débouté les syndicats de leurs plaintes, considéré que les grèves menées étaient illégales et jugé que les pratiques des entrepreneurs étaient conforme aux traités européens. Dans ces arrêts, elle estime par ailleurs que le droit de grève est moins fondamental que la libre circulation des travailleurs et des services »*[…]
* C’est le début d’un article de John Monks – secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats publié par Alternatives Economiques N° 268/avril 2008