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Billet de blog 21 août 2009

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je profite d'une actualité propice à la "prise de tête" - journées d'été d'Europe Ecologie à Nîmes et Université citoyenne d'ATTAC à Arles -pour ajouter, par l'entremise de Médiapart, mon grain de sable au débat politique. Membre d'aucun parti je ne peux prétendre à aucune légitimité et, de plus, ce que je m'apprète à dire pourrait n'intéresser personne et ne susciter aucune réaction. J'en serais, bien sûr, dépité - l'information, comme la publicité, laisse son empreinte dans le "cerveau humain disponible" mais, seule, la confrontation des idées oblige à approfondir la réflexion collective- . Mais si je fais quand même un effort d'écriture en sachant que je risque de ne pas même avoir pour réponse "les cons ça osent tout, c'est même à ça qu'on les reconnait" c'est aussi pour essayer de mettre un peu de cohérence dans des idées qui pourraient, le cas échéant, en manquer.

Pour situer l'endroit d'où je parle, je vai commencer par vous infliger la lecture d'un petit C.V. (ce qui montre que j'espère des lecteurs). En 1968, ouvrier au CEA (l'horreur écolo !), j'ai été emporté par le souffle de la CFDT d'Eugéne Descamps et d'Edmond Maire. Pour moi c'est là que ça passait et c'est là qu'il falait être. J'y suis donc allé et je ne le regrette pas. Délégué syndical de 1971-72 à 1983 je n'ai pas pris le tournant de la "resyndicalisation"; et après les grèves de Décembre 95 j'ai rendu ma carte. En 1998 j'ai adhéré à ATTAC et, cette fois encore, la rupture! Je n'ai pas renouvelé mon adhésion après les pratiques, inexcusables, de " fraudes électorales avérées/contestées" de deux camps ennemis, en 2005. Depuis j'erre, mais pas n'importe où... (un peu comme Chevènement, par exemple, mais pas comme Max Gallo !) .

Avant d'aborder, enfin, les sujets d'actualité, je ferai encore un détour par une réflexion sur l'évolution de la lutte syndicale en France:

La CFDT fut le creuset de riches débats politico-syndicaux dans les années 70; forts de cet acquis culturel ses militants ont pris confiance en leurs capacités d'arracher, par un argumentaire intelligent, de bons accords au patronat. Mais en se détournant de la "lutte ouvrière" devenue, pour eux, un peu "ras du front", ils ont, me semle-t-il, fait preuve d'une grande naïveté. En conséquence de quoi, les accords signés par la CFDT furent de moins en moins satisfaisant aux yeux des salariés; ceci incita la CGT à multiplier ses attaques contre sa principale concurrente aux élections socio-professionnelles et celle ci, pour ne pas se déjuger, fut amenée à défendre bec et ongles des accords qui ne le méritaient pas. Et, du fait, en grande partie, de cette acrimonie guerrière entre les deux syndicats, de nombreux salariés se sont détournés d'eux. Bien entendu, c'est le le patronat et le gouvernement qui en ont tiré le plus grand profit.

J'en ai conclu que, pendant les années 80/90, pour être vraiment intelligents, nous aurions du, à la CFDT, sans même signer un pacte de non agression explicite, mais en évitant de participer à toute guerre de tracts avec la CGT, tenter de jouer un quatre mains CGT/CFDT: la mobilisation commune avec la CGT et la signature d'un accord, le cas échéant par la seule CFDT, mais sans coup fourré.

Ce long préambule me semble de nature à éclairer, d'éventuels lecteurs, sur les raisons qui me conduisent à penser ce que je pense des questions du jour... parce que j'y viens.

Aux élections du parlement européen de juin dernier j'ai voté "Front de gauche" mais j'avoue avoir été agréablement surpris à la lecture de la profession de foi de la liste "Europe Ecologie". Je ne pouvais que souscrire au "contrat écologique pour sortir de la crise" décliné en trois paragraphes sur le document proposé à la réflexion des électeurs. J'ai voulu en savoir plus, le ni de droite ni de gauche de Daniel-Cohn Bendit m'inspirant de la méfiance - j'ai déja écrit, ailleurs, que le renouveau culturel de 1968, dont les plus illustres incarnations sont aujourd'hui encore , Daniel Cohn-Bendit, BHL, Gluskman et... la CFDT, était pour beaucoup dans la chute du communisme en europe de l'Est et que cela n'avait pas été sans conséquences sur la capacité des ouvriers de l'Ouest à défendre leur biftek (voir mon billet "commentaires d'une tribune libre de Kevin Rudd") -, j'ai donc acheté le livre de Pascal Canfin préfacé par Daniel Cohn Bendit : "Le Contrat Ecologique pour l'Europe" (éditeur: les petit matin). C'est, maintenant, quelques réflexions inspirées par cet ouvrage que je vai transcrire sur ce billet.

Daniel Cohn Bendit écrit dans sa préface : "la politique telle que nous la concevons, ce n'est pas se satisfaire de la jutesse de nos raisonnement ou de nos prévisions: c'est savoir se doter des moyens justes et appropriés pour agir"

Je suis tout à fait d'accord, sauf que, c'est justement sur "les moyens justes et appropriés " que, généralement, s'expriment... les désaccords.

Pascal Canfin, lui, nous présente un programme bien convaincant mais qui, comme il l'écrit (page 17), ne pourrait avoir du sens que s'il était appliqué dans un cadre européen. Et là, je retrouve le syndrome CFDT dans sa première phase : on avance en territoire miné par l'adversaire "de classe" - n'ayons pas peur des gros mots ! - confiant dans ses prorpres capacités à bousculer les lignes.

Pascal Canfin ne fait plus confiance aux socio-démocrates qui n'ont rien fait de mieux que la droite, au niveau de l'U.E., quand ils étaient majoritaire en Europe (page 19) et stigmatise la gauche de la gauche parce qu'une partie de cette mouvance serait antieuropéenne - j'écris "serait" parce qu' affirmer que la LCR(NPA) est antieuropéenne après avoir simplement lu un slogan "non au capitalisme, non à l'Europe" (page 21), me paraît être un simplisme. C'est déjà, me semble-t-il, le syndrome CFDT dans sa sa phase de stigmatisation de la CGT...

Quand au Moden ! "ses élus sièges avec les libéraux au Parlement européen" (page 22)

Fort de ce constat, une seule solution: Ils nous faudrait, selon Pascal Canfin, placer tout nos espoirs dans la mouvance écologique ni droite ni gauche. Mais je regimbe. Ce positionnement sur l'échiquier politique a déja montré, par le passé, ses limites (Michel jobert était "ailleurs": il est passé de ministre sous Pompidou à ministre sous Mitterand, tout comme Jacques Delors).

Un activisme "sans conscience de classe", si Europe Ecologique continue à s'en réclamer, pourrait, je veux bien le croire, faire bouger les lignes... mais au profit exclusif de ceux qui, bien qu'ayant toutes les raisons de penser que les catastrophes écologiques seront surtout catastrophiques pour ceux qui ne sont pas de leur classe sociale, voient, dans "le développement durable", une nouvelle promesse d'enrichissement.(premier oracle)

complément à mon précédent oracle: je pense qu'il est mensonger de laisser croire que tout le monde est menacé de la même façon par: le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, le renchérissement des denrées alimentaires, l'augmentation du prix du pétrole... etc. "La possiblité d'une île" existe, pour certains, et ils n'en doutent pas ! Je "milite", sur ce blog, pour essayer de convaincre, ceux qui sont réellement menacés, de ne pas en douter non plus ! (deuxième oracle)

Je terminerai ce billets en me limitant à trois autres observations sur les paragraphes de cet ouvrage qui me paraissent relever, le plus, du syndrome CFDT - on pourrait me dire que cela commence à faire beaucoup et que je fais une fixation sur ce syndrome. Et, c"est vrai , c'est une fixation! Mais, sans cette fixation sur ce syndrome social/démocrate/chrétien, très bien incarné aussi par Jacques Delors, je ne pourrais dire que du bien du livre...

Page 65: Pascal Canfin attribut, aux élus de l'extrême gauche du parlement européen, le rejet, en 1999- en fait c'est en 2000-, "d'une résolution en faveur de la Taxe Tobin" . Il semble s'être agit, plus précisément, d'une résolution qui aurait permis, si elle avait été votée, de mettre en place une commission d'étude sur la faisabilté de cette Taxe au niveau européen. Cette résolution a été rejettée par 229 voix contre 223. Krivine c'est abstenu et Arlette Laguiller a voté contre, il est vrai. Mais l'extrême gauche ne disposant alors que de cinq voix au Parlement européen, le rejet de cette résolution ne peut pas lui être totalement imputé. Quid des 333 députés européens qui ne semblent pas avoir été présents pour ce vote ? (ces informations sont disponibles sur le site www.attac.org )

Pages 86 et 117: j'associe ces deux pages parce qu'elles sont révélatrices de ce que j'appelle "l'esprit CFDT"- qui n'est pas l'apanage des seuls CFDtistes bien entendu -. Pascal Canfin écrit page 86 : " il est impossible de nier que les pays riches sont directement responsable de plus de 80% des émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du changement climatique. Le paiement, dès aujourdhui, de notre dette écologique vis -àvis des pays du Sud (voir page 19) permettrait de financer les investissement nécessaires pour limiter les dégâts, et donc de donner la possibilité aux personnes de vivre là où elles sont nées si elles le désirent" et page 117: "Et oui, en tant que consommateurs, nous avons une part de responsabilité dans l'exploitation des enfants quand nous achetons un T-shirt à 3 euros en provenance du Bangladesh; et nous avons une part de responsabilité dans le changement climatique quand nous prenons l'avion plutôt que le train. L'écologie ne sera jamais démagogique".

Après avoir, plus jeune, quelque peu pratiqué ce genre de prose, elle me donne, aujourd'hui, des boutons !

Je ne me reconnais qu'une réelle responsabilté: c'est celle que j'exerce en mettant un bulletin de vote dans une urne toutes les fois qu'il m'est permis de le faire. Dans ce cadre, étroit, je m'adapte au modèle de société dans laquelle je vis pour ne pas être grace à la mobilisation de l'ensemble des syndicats et des forces politiques de gauche et écologiste la version finalement adopté de la directive Services ne contient pas le principe du pays d'origine" mais, après avoir posé comme postulat que cette directive "n'avait rien à voir avec le TCE" , ce qui est vrai, il oublie de dire que la campagne référendaire des partisans du NON est pour beaucoup dans le léger recul sur le principe du pays d'origine. Recul qui s'avère, en fait, ne pas en être un, parce que, ce principe, sortie par la porte revient par la fenêtre... de la cours de justice de l'Union Européenne ! (voir arrêts Viking et Laval)

Troisième et dernier oracle, pour conclure: On peux s'impliquer politiquement dans les instittutions de l'Union Européenne, peut être est-ce ce qu'il y a de mieux à faire, mais alors, il faut le faire sans cacher que, dans le cadre idéologique qui borne les dites institutions, et quelque soit la volonté de ceux qui s'y emploieront sincèrement, il ne sera pas possible d'éviter la paupérisation relative "des classes laborieuses" (encore un gros mot !) des "pays riches" de l'Union. Faire porter la responsabilité de la misère du monde sur cette "classe laborieuse" , c'est, soit vouloir cacher sont impuissance, soit vouloir tromper une partie de l'électorat au profit d'une autre.

Oracle Bonus (pour ceux qui seront arrivé jusqu'ici):

Mon petit doigt me dit que nous allons, de nouveau, bientôt vivre une époque riche en possibilités d'avenirs. Ne faisons pas "table rase du passé"; tirons en des leçons !

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