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Billet de blog 29 octobre 2019

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Le peuple et la dissidence des élites

en commentaire d'un article de Jean-François Kahn intitulé : "Robespierre, au nom du peuple !"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jean-François Kahn dans un article sur Robespierre et sa conception du peuple me donne l'occasion, non pas de défendre l'action de ce dernier  , mais la pertinence historique de l'idée qu'il se faisait du peuple. Robespierre était un disciple de Jean-Jacques Rousseau qui a vu dans la mise en place des enclosures en Angleterre un des fondement des inégalités parmi les Hommes (à la différence de Voltaire qui y a vu un progrès de la modernité) . Je  schématise cela en disant que ce fut, en fait, une extension de la lutte du monde des propriétaires au détriment du monde de ses locataires. Cette distinction, que je fais, entre propriétaires et locataires n'est pas à prendre, bien sûr, au sens propre,  elle se veut  symbolique. Elle me permet, ici, de cerner le concept de peuple. Pour les uns, Robespierre et ces successeurs – Mélenchon par exemple - le peuple légitime serait constitué par les seuls locataires du monde et pour Jean-François Kahn, la droite démocratique et la gauche social-démocrate le peuple serait l'ensemble des propriétaires et des locataires sur un territoire. Ces deux conceptions du peuple pouvaient coexister, au gré d'un rapport de force équilibré et mouvant, dans un pays disposant de frontières. Mais dans un monde sans frontières le rapport de force devient déséquilibré au profit essentiellement des propriétaires ( Régis Debray n'a-t-il pas écrit que la frontière était le seul bien dont disposaient ceux qui n'ont rien ?). Les locataires, en France, du monde sans frontière d'aujourd'hui se retrouvent donc dans la situation historique qui fut celle des locataires anglais, lors des enclosures du XVIe siècle. Qu'ils se révoltent n'est donc pas étonnant ! Et pourraient-ils le faire sans haine contre ceux qui, à chaque étape du progrès des propriétaires du monde ont laissé dans les poubelles de l'histoire une partie de ses locataires. Et, enfin, est-ce folie de dire, qu’aujourd'hui, la lutte historique des locataires du monde contre ses propriétaires c'est celle des assignés à résidence contre ses élites déterritorialisées ?

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