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Billet de blog 15 juin 2016

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Rwanda : Certains élèves conjuguent pauvreté et humiliation

Humiliation, maltraitance, discrimination, exclusion, stigmatisation, la liste n’est pas exhaustive pour décrire ce que semblent vivre les élèves pauvres du Groupe Scolaire Gikaya, dans le District de Kayonza (Région de l’Est du Rwanda).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Le 13 juin 2016, le journal  « umuseke » exerçant son activité au Rwanda, a  publié sur  internet  un reportage selon lequel  les élèves de ce Groupe Scolaire, issus des familles  pauvres, ne mangent qu’à condition d’avoir effectué des travaux pénibles imposés par leur école.  Chaque repas dépend, pour ces pauvres élèves ou plutôt pour ces élèves pauvres, du travail manuel accompli, contre leur volonté.

Le travail imposé consiste, comme ces élèves le disent eux-mêmes, à nettoyer tout seuls les toilettes, à laver gratuitement les vêtements de leurs  professeurs, à nettoyer les alentours de l’école ainsi qu’à faire d’autres travaux parfois très pénibles et très contraignants.

« Lorsqu’un enfant est très pauvre, l’école lui impose du travail manuel pour pouvoir aller au réfectoire et pouvoir manger. C’est très dur pour nous. Cela nous fatigue et nous contrarie énormément. De toute façon, nous n’avons pas le choix », témoigne un de ces élèves.

Pendant que d’autres élèves de cette école se reposent, font leurs devoirs  ou simplement profitent des activités de loisirs, les élèves pauvres, eux, sont en train de s’épuiser physiquement et moralement. Le travail scolaire se substitue à une corvée et à une sorte de servitude qui enfreint leurs droits fondamentaux.

Non à l’humiliation de l’enfant !

Le rôle de l’école n’est pas de créer des inégalités. La mission de l’école n’est pas non plus de marginaliser certains enfants  quel que soit le motif. L’école n’est pas un lieu de maltraitance ou d’humiliation. En revanche, l’école a pour mission de former les enfants du pays selon les principes d’égalités, de  respect et de dignité. L’école doit offrir les mêmes conditions de scolarisation à tous les enfants pour la réussite de tous.  

Nourrir un enfant est un devoir des parents et des gouvernants.  On ne peut donc  pas se permettre d’exclure  un groupe d’enfants  sous prétexte qu’ils sont pauvres. Ces enfants subissent une  pénalisation supplémentaire, corrélée à cette  logique sadique : « un pauvre est forcément l’auteur de sa pauvreté ». Or ces enfants ne sont pas auteurs de la pauvreté de leurs familles.

L’école devrait désormais cesser ces actes de maltraitance et d’humiliation pour aider tous les enfants à accéder à la connaissance sans condition. Les autorités hiérarchiques  du pays devraient s’en saisir rapidement et décourager ces pratiques maléfiques avant qu’elles ne s’étendent sur d’autres régions du pays.

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