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Billet de blog 15 décembre 2012

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J'irai manifester dimanche

J'irai manifester dimanche, et j'attends cela avec impatience. Car je sais que nous vivrons une de ces manifestations qui vous prennent aux tripes, parce qu'elles vous permettent de vous retrouver à exprimer, à revendiquer, avec des milliers d'autres qui les partagent, des convictions qui sont profondément ancrées en vous, qui sont au cœur de votre engagement.

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J'irai manifester dimanche, et j'attends cela avec impatience. Car je sais que nous vivrons une de ces manifestations qui vous prennent aux tripes, parce qu'elles vous permettent de vous retrouver à exprimer, à revendiquer, avec des milliers d'autres qui les partagent, des convictions qui sont profondément ancrées en vous, qui sont au cœur de votre engagement.

Les convictions dont je parle se fondent autour de deux idées finalement assez simples.

Première idée : l'égalité est pour les socialistes et pour la gauche une valeur cardinale, et en son nom, tous les couples qui le souhaitent doivent pouvoir accéder à l’institution qu'est le mariage. On la dit poussiéreuse, «petite-bourgeoise », ce que je ne suis d’ailleurs pas loin de penser. Mais qu'à cela ne tienne, car l'enjeu est bien au-delà. Il est celui d’un pas de plus vers l’égalité réelle, et chaque fois qu’un socialiste a l’occasion de faire ce pas, il ne ménage pas sa peine. Voilà pourquoi il faut le « mariage pour tous », voilà pourquoi les droits des couples gays et lesbiennes doivent être strictement les mêmes que ceux des couples hétérosexuels.

Deuxième idée : il n'y a pas de droit à l'enfant ; en revanche, tous les enfants doivent avoir le droit au bonheur, et la nature du couple que forment ses parents, leur orientation sexuelle, n'est en rien pour cela un facteur discriminant : tous les enfants, dans toutes les familles, peuvent être heureux dès lors que leurs parents les aiment.

C'est au nom de ces deux convictions que j'irai manifester dimanche, en me disant aussi : « enfin! »

Enfin, car face à la mobilisation, très organisée et structurée, des opposants aux réformes que nous proposons, il y avait urgence à mettre en musique la mobilisation de ceux qui portent la volonté de changement. C'est donc avec hâte que j'attends de descendre dans la rue, de manifester pour cette vision de la famille et de la société.

Ne nous y trompons pas : l’enjeu est bien celui de la construction du rapport de force.

Je pense en effet que l'expression et la gestion des antagonismes font partie de la vie démocratique. Après des années pendant lesquelles Nicolas Sarkozy et sa majorité ont cultivé les oppositions entre les français, l’élection de François Hollande a d'abord été un soulagement : le sentiment d’apaisement, d'unité retrouvée a permis à l'ensemble du pays de respirer. Et nous avons la responsabilité de maintenir cette cohésion. Mais ceci ne signifie pas que la société soit exempte de clivages idéologiques : au contraire,  l'expression de divergences dans le débat public, de points de vue contradictoires, fait pleinement partie du jeu démocratique.  Alors que la droite a exacerbé des divisions pour supprimer des droits, la gauche mène aujourd’hui une bataille culturelle pour créer des droits nouveaux, pour rendre majoritaire une vision de la société qui les promeut, comme par le passé on a dû créer des rapports de force pour conquérir la légalisation de l’IVG, pour abolir la peine de mort…

C'est pourquoi j'assume de considérer que pendant plusieurs semaines, sur cette question de mariage et d'adoption, comme également sur le droit de vote des étrangers, deux visions de société s'exprimeront, et je me mobiliserai pour que les rangs du camp que je crois être celui du progrès ne cessent de grossir, pour que nos réformes se concrétisent.

C’est le sens des démarches engagées par le nouveau secrétaire du PS, Harlem Désir, et c’est le sens de la mobilisation de dimanche.

Je crois également nécessaire de tordre le cou une bonne fois pour toutes au faux débat qui opposerait une gauche sociale à une gauche sociétale, avec en filigrane l'idée que la « vraie » gauche devrait en priorité s'occuper des inégalités socio-économiques, le reste étant secondaire. L'ADN de la gauche, sa raison d'être, c'est l'égalité ; or l'égalité n'est pas divisible entre questions prioritaires et questions secondaires. Comme la République, l'égalité est une et indivisible : c'est l’égalité face au mariage, l'égalité face au droit de vote tout autant que l'égalité face au logement, à la santé ou à l'emploi. Je suis fière d'appartenir à la majorité qui est aujourd’hui porteuse de ces avancées pour l’égalité.

J’ai enfin pleinement  conscience de la nécessité de faire avancer ensemble et côte à côte forces politiques, citoyens, associations, syndicats, société civile... Car les batailles pour les droits et pour l'égalité ne sont victorieuses que lorsque l’union de ces forces se réalise. Dimanche est une première étape, ne la ratons pas : c'est bien le vent du changement qui soufflera dans les rues de Paris.

Par Fanélie CARREY-CONTE, Députée de Paris

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