fchrysalis (avatar)

fchrysalis

Penseur amateur, présentement sans métier

Abonné·e de Mediapart

29 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 septembre 2014

fchrysalis (avatar)

fchrysalis

Penseur amateur, présentement sans métier

Abonné·e de Mediapart

Observer et entretenir la lumière, ou bien...

fchrysalis (avatar)

fchrysalis

Penseur amateur, présentement sans métier

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans la classe de maternelle multi-niveaux de Céline Alvarez,  dès cinq ans les élèves savent lire, écrivent en cursive, comptent jusqu’à 1000, maîtrisent le système de numération décimal et le sens des quatre opérations. Ils font du tutorat pour les plus jeunes et sont tous autonomes, sereins et investis dans leurs apprentissages. Ces enfants ne sont ni surdoués ni privilégiés. L’école maternelle publique Jean Lurçat est au cœur du Luth à Gennevilliers : les barres et la ZEP aux portes de Paris. (Maria Montessori à l’école de la République, in Le café pédagogique, 23 avril 2013).

Le journal Le Monde nous apprend cette semaine que l'expérimentation ménée par Céline Alvarez à Gennevilliers a pris fin et qu'il n'y aura pas de suite pour le moment. « Au rectorat de Versailles, les arguments avancés sont un peu confus : "manque de recul", "manque d'évaluation", "manque de cadre"… On y renvoie la balle, un peu gêné, à "la DGESCO", la Direction générale de l'enseignement scolaire chargée d'appliquer la politique du ministre de l'éducation. » Tout se passe comme si l'Education Nationale ne voulait pas promouvoir l'entraide, l'empathie, la joie, la curiosité que manifestaient ces tout-petits.

Je ne vois que deux raisons possibles, non exclusives l'une de l'autre, à cette décision d'abandon :

– Une épouvantable lourdeur administrative, une administration ankylosée, figée, morte, se mouvant seulement par l'inertie acquise ; cette même administration dont un inspecteur d'académie, sollicité par une chercheure qui lui demandait un entretien pour évoquer la situation des élèves musulmans, répondit : Nous n'avons pas d'élèves musulmans (François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils, "La fin de l'école", PUF 2014 ; extrait publié dans Le nouvel  Economiste du 5 septembre 2014).

– Cette expérimentation ne donnerait pas satisfaction sur au moins un point : le dressage, la soumission des élèves et l'acquisition de l'esprit de compétition (qui est autre chose que l'émulation naturelle). L'école est destinée à transmettre des connaissances et des savoirs-faire, mais aussi quelque chose qu'on se plaît à nommer "savoir-vivre". Mais qu'est-ce que l'administration entend vraiment par "savoir-vivre" ?

A ces deux raisons l'on pourrait en ajouter une troisième : l'inertie des associations de parents d'élèves, la demande des parents attachés à des habitudes, des traditions. Mais cette raison ne saurait justifier la non reconduction de l'expérience, ni même le refus de son extension.

(Sur la méthode Montessori et sur le développement du savoir-vivre, voir le billet poste le 23 juillet 2013 par Sylvia Dorance ici même sur "le Club" Mediapart)

L'école est elle-même la cause des difficultés qu'elle essaie de corriger par des réformes…

P.-S. : On considère comme acquis que les difficultés scolaires dans les quartiers pauvres ont essentiellement pour origine la dureté sociale de ces quartiers, il serait bon de se demander dans quelle mesure ce ne serait pas au contraire la dureté sociale des quartiers qui aurait pour origine essentielle la dureté de l'école, la dureté du système scolaire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.