Nous ne sommes pas dans un moment de montée révolutionnaire, mais de poussée réactionnaire, affirme notre bonne Cécile Duflot. Peut-être bien que oui. Mais que veut dire pour elle (et pour nous tous) ces qualificatif : révolutionnaire et réactionnaire ? Elle a bien conscience, j'espère, en tant qu'écologiste, que le capitalisme est le mouvement qui a fait table rase du passé puis table rase du présent et commencé à faire table rase du futur ; que si, en 1789, c'est le capitalisme qui était révolutionnaire et agissait pour libérer les droits de l'entrepreneur dans le but de lui donner les mains libre pour façonner le monde à sa guise et dans son propre intérêt, c'est toujours vrai aujourd'hui.
Mais le vocabulaire politique ayant plus souvent l'occasion de se développer dans le mensonge que dans l'honnêteté, il est fatal qu'il devienne rapidement beaucoup plus obscur qu'éclairant.
Le productivisme de la bande à Ayrault comme de Mélenchon ou même des affairistes de la droite est, historiquement, du côté de la révolution. Le nationalisme (affiché) des uns et des autres, un peu moins peut-être. Mais comment qualifier le mouvement qui s'élève en ce moment contre "les grands projets inutiles" ? Ce mouvement veut, sur bien des points, faire machine arrière : faire pousser des plantes pour nous nourrir et nous soigner là où d'autres veulent bétonner, tout en laissant à la nature la plus grande marge de manœuvre possible, moins pour protéger des espèces que pour sauver – in extremis – le cycle naturel de l'eau qui nous est tant nécessaire ; bref, dresser des barrières à nos envies – légitimes jusqu'à un certain point – de maîtrise de la Nature.
Révolution et réaction ne sont pas des concepts d'un grand intérêt, ils ne l'ont jamais été. Sauf pour les manipulateurs politiques.
(je n'ai pas poursuivi ma lecture de cet interview, Cécile Duflot est une enfumeuse comme les autres, c'est le métier qu'elle s'est choisi)