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Billet de blog 10 avril 2012

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Suite de l'exercice. Du Un naît le Deux. Du Deux naît le Trois. Et du Trois le Un comme quatriéme.

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   "L'idée n'est pas seulement que le discours est toujours-déjà affecté/constitué par l'écriture, etc., mais aussi qu'il devient la Parole métaphysique, le médium pur/éthéré de l'auto-affection, de la présence à soi spirituelle, à travers l'écriture phonétique "abstraite" : antérieur à l'écriture phonétique, le discours est perçu comme une pratique inscrite dans un monde-de-vie matériel complexe - c'est l'écriture phonétique qui le "purifie". (La réserve que je suis tenté d'ajouter ici est qu'il faudrait peut-être suspendre la réticence bien compréhensible de Badiou à l'égard du "matérialisme dialectique" et inverser ainsi le rapport sujet-prédicat entre les deux opposés : "démocratie matérialiste" versus "matérialisme dialectique".) Selon Badiou, il existe une "variante anthropologique plus "restreinte" de l'axiome du matérialisme démocratique, variante qui peut se dire ; "il n'y a que des individus et des communautés", ce à quoi la dialectique matérialiste ajoute : "Pour autant qu'il l'est d'une vérité, un sujet se soustrait à toute communauté et détruit toute individuation"(1). Dans une de ses vieilles chansons, Wolf Biermann posait la question : "Y a-t-il une vie avant la mort ?" -un renversement matérialiste bienvenu de l'interrogation idéaliste coutumière : "Y a-t-il une vie après la mort ? " . La question qui obnubile chaque matérialiste est celle-ci : suis-je vraiment vivant ici et maintenant, ou ne fais-je que végéter, simple animal humain résolu à survivre ?

   Le passage du Deux au Trois est ici crucial, et on devrait garder à l'esprit cette poussée platonicienne, littéralement métaphysique, vers ce qui, prima facie, ne peut qu'apparaître comme un geste proto-idéaliste par lequel on affirme que tout ne se résume pas à la réalité matérielle, qu'il existe aussi un autre niveau de vérités incorporelles. Dans cette même optique on est tenté de compléter Badiou de deux maniéres. Premièrement, les corps et les langages ne sont-ils pas synonymes de l'être, de sa multiplicité, de ses mondes ?  Le Trois auquel nous avons affaire est donc le Trois de l'être, des mondes et des vérités : pour le matérialisme démocratique, il y a seulement la multiplicité de l'être (la réalité infiniment différenciée) et les différents mondes -les univers linguistiques- dans lesquels individus et communautés expérimentent cette réalité. (Il faudrait alors, contre Badiou, insister sur la stricte équivalence entre monde et langage : chaque monde se trouve soutenu par le langage, et chaque langage "parlé" soutient un monde  -  c'est ce à quoi visait Heidegger dans sa thèse sur le langage comme "maison de l'être".) N'est-ce pas effectivement notre idéologie spontanée ? Il existe une réalité complexe, infiniment différenciée, que nous autres, individus et communautés embarqués dans son sein, expérimentons d'un point de vue particulier et fini, celui de notre monde historique. Ce que le matérialisme démocratique rejette furieusement est la notion d'une vérité universelle infinie qui couperait à travers cette multitude de mondes - en politique cela signifie le "totalitarisme" qui impose sa vérité comme universelle. C'est pourquoi on devrait rejeter, simple exemple, les jacobins, qui, en imposant à la pluralité de la société française leurs notions universelles d'égalité  et autres vérités, aboutirent nécessairement à la terreur... Voilà qui nous amène au second complément : il y a une version politique plus restreinte encore de l'axiome démocratique-matérialiste : "Dans la société actuelle, seule existe la dynamique de la globalisation postmoderne, et les réactions/résistances (conservatrices/nostalgiques, fondamentalistes, vétéro-gauchistes, nationalistes, religieuses...) que cette dynamique suscite" - à quoi vient s'ajouter, bien entendu, la clause conditionnelle de la dialectique matérialiste : "exception faite de la politique de vérité (communiste) radicale-émancipatrice".

   C'est ici que le passage matérialiste-dialectique du Deux au Trois prend tout son poids ..."

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