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Billet de blog 13 novembre 2016

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Le trumpyphore

Nous sommes tous un peu perdu dans ce monde, la science peut-elle nous être utile? Pas sur... Aujourd'hui une toute nouvelle espèce dans le collimateur: le trumpyphore.

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Bonjour à toutes et à tous !

      Aujourd'hui, nous faisons appel à la science pour vous parler d'un sujet délicat : le doryphore. Vaste objet d'étude direz-vous, heureusement l'actualité récente met à notre disposition un spécimen très intéressant à analyser : le trumpyphore. Jaune et bombé sur le dessus, le doryphore est particulièrement tenace et ravageur, tant à l'âge adulte qu'à l'état larvaire. C'est une véritable saloperie, dont la capacité de nuisance n'a d'égal que sa propre laideur. A ce propos, le spécimen qui nous intéresse approche dangereusement de la date de péremption et, malgré la dégradation naturelle de son physique, s'obstine à d'inutiles efforts cosmétiques qui le font plus ressembler à un vieil anus peint en jaune, qu'à la jeune larve d’antan. Autre caractéristique de ce nuisible : son esprit étroit et haineux, que reflète avec peine deux petits yeux vitreux enfoncés dans une succession de bourrelets ridés, qui ne sont pas sans rappeler le pruneau d'Agen. Au vue de ces analyses, nous sommes en mesure de lever un premier mystère scientifique : Vuillemin dessine bien de vrais gens. Le trumpyphore étant, sans conteste, le plus bel exemple vivant, cela permet à l'Echo des Savanes d'accéder au statut tant convoité de revue scientifique sérieuse, au même titre que Science & Vie Junior. Mais ne soyons pas médisant, le physique ne garantit rien, on peut être moche et brillant esprit. Ce qui n'est pas le cas de notre objet d'étude, soyons sérieux deux minutes.

     En effet, si son aspect prête à rire, ses idées non. Au léger plissement zygomatique que suscite l'aspect extérieur, se succède rapidement un douloureux rictus accompagné de remontées gastriques acides lorsque l'intérieur suinte. Aussi dangereux pour l'humanité que Mireille Mathieu pour les oreilles, le trumpyphore est composé à 90% de détestation pure, et 10% d'une matière inconnue, qui gagnerait surement à le rester. D'autant que ce sont, indéniablement, les 90% qui sont les plus « scientifiquement intéressant ». Eh oui, la science est sur le point de faire une avancée majeure. Un très long et très complexe processus expérimental (qui mobilisa 200 des plus éminents chercheurs, des milliers de stagiaires, 30 fois le PIB du Sahel ainsi qu'un nombre indécent de machines) permettra bientôt l'utilisation d'une toute nouvelle énergie révolutionnaire, à côté de laquelle la puissance nucléaire sera reléguée au rang de pet protozoaire. Une quantité inouïe d'applications s'offre à nous ! Bien évidemment une telle puissance n'est pas sans poser quelques problèmes de stockage, ni effets indésirables. Mais cela ne concerne que les femmes, les pauvres, les pédés, les lesbiennes, les trans, les noirs, les un peu foncés, les beaucoup foncés, les jeunes, les vieux, la nature... tous ceux qui morflent déjà en somme. Il ne s'agit donc que de la poursuite d'un processus déjà bien engagé. De surcroît, la totalité des expériences réalisées le sont avec la plus stricte déontologie, que garantit une charte signée par l'ensemble du personnel, dont nous vous communiquerons le contenue précis dès qu'elle sera retrouvée.

     Revenons, voulez-vous, au sujet qui nous intéresse. D'après certaines études, le trumpyphore aurait gagné le grand concours de celui-qui-fera-tout-bien-pour-son-peuple1 , car son territoire serait celui qui abrite le plus d'idiots. Hors, après moultes recherches, nous déclarons cette analyse irrecevable car,

     petit-un : être con n'est pas l'apanage exclusif des spécimens squattant la zone sus-nommée,

     petit-deux : est constaté, avec une régularité frappante et ce sur l'ensemble du globe, un nombre incroyable de 1er ex aequo,

     petit-trois : la quasi symétrie des intentions de chaque participant rend caduque toute réel compétition, tous étant aussi chargés en égoïstoprofitoxamile que ne l'est une caravane du tour de France en EPO.

     De fait le gagnant est toujours le même ; un système basé sur l'augmentation sans fin de la richesse personnel qui pousse les uns et les autres à vouloir s'élever, grâce à l'exploitation méthodique de ses congénères et de son environnement, en haut d'une hiérarchie baignée de sang. Un fonctionnement mondial, dont l’existence prouve bien que l'être humain partage, avec le doryphore, bien plus qu'il ne le croit. D'ailleurs, le doryphore a honte.

     C'est donc sur cette implacable conclusion que se termine notre étude. La semaine prochaine nous tenterons d'élucider un autre mystère de la science : pourquoi lorsqu'un nanti pète, ce sont les pauvres qui puent ?

Félix Raynal

1.peuple : nom masculin (lat : populus), moi, mes potes et notre portefeuille, Larousse des nantis, édition hachette-tout, 2016.

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