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Billet de blog 22 février 2016

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présentation et intentions du blog

Et hop! Un nouveau blog de lancé! Afin que le lecteur sache à quoi s'attendre il est important d'expliquer un peu le pourquoi du comment de la création de ce blog. Une "note d'intention" en quelque sorte. Celle-ci n'est pas exhaustive mais il m'est apparu nécessaire de montrer la démarche et le ton.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

      Il y a peu je suis tombé sur un texte de Jérome Baschet1 sur le temps au moyen âge. En introduction J.Baschet part de l'idée qu'il est définit socialement. C'est à dire que ce sont les hommes qui définissent sont découpage et sa signification. Si le temps est socialement construit alors toutes les sociétés produisent un temps propre à la réalisation de leurs objectifs. En ce qui concerne la nôtre, l'organisation capitaliste du travail nécessite une mesure précise, mathématique. La rentabilité oblige une maximisation du temps car maximiser le temps c'est maximiser le profit. Toujours faire plus aujourd'hui qu'hier dans le même laps de temps. Devenu omniprésent car il correspond au système dominant ce temps découpe, hache, définit un début et une fin à tout ce que nous faisons. Chaque jour à chaque instant. Combien de fois regardons nous notre montre ou notre téléphone ? Dès le matin le « biiip » si irritant du réveil nous plonge dans cette impératif temporel, dans ce calcul constant. « Combien de temps je mets pour aller d'un endroit à un autre ? » « Combien de temps je peux rester avec une personne ? » Combien est une question permanente !

      L'exemple parfait de ce rapport frénétique au temps est le journalisme. Á travers l'idée d'actualité il se concentre dans un présent dit immédiat qui est en perpétuel recommencement. Il n'y a qu'une longue succession de maintenant. Les médias considèrent qu'il se passe mille et une chose à chaque minute et que leur devoir est d'en rendre compte objectivement. Mettons de côté l'idée assez saugrenue qu'une information puisse être objective. Cela n'existe pas plus que de pape en paradis ! Ce culte de « l'évènement » et de l'immédiateté rend l'analyse impossible, la contextualisation simplifiée et grossière. Selon cette temporalité faire une enquête est un vrai parcours du combattant. Soit elle porte sur « un sujet d'actualité » et le temps de faire le travail correctement il est trop tard, la médiasphère est passée à autre chose, soit le sujet n'est pas d'actualité et mille obstacles se dressent contre le journaliste. Même, voire surtout, ses pairs mettent le journaliste au placard en s'accordant à dire que franchement certain débloquent sévère de la cafetière et qu'il faut être brillamment naïf, ou con, pour accorder le moindre crédit à ce travail sûrement diffamatoire ! Et hop ! En deux trois articles, limogé le collègue... enfin, ex-collègue.

      La puissance de feux de la machine à discrédit médiatique dépend bien évidemment des personnes et intérêts que l'enquête pourrait mettre à mal. La presse étant très proche des détenteurs du pouvoir économique et politique, lorsque ceux-ci sont attaqués, elle s'empresse de les défendre. Il arrive parfois qu'une enquête aboutisse malgré les pressions et menaces. On assiste alors bien souvent à un ridicule mea culpa de l'ensemble de la profession qui s'empresse « d'en parler ». D'en parler certes, mais selon sa propre temporalité. A coup de débats spectacles, d'éternels entrefilets et d'articles sur les « rebondissements de l'affaire » cherchant plus un bouc émissaire qu'à comprendre. Trouver une bonne poire pour ne pas avoir à réfléchir au monde dans lequel on vit. Masquer les logiques d'un système sous une personnification de supposées « dérives ». Le Dit système qui permet aux journalistes de manger aux bonnes tables. Des chiens gras qui protègent ceux qui les censures !

      L'un des buts de ce blogue est là aussi. Combattre cette temporalité. Prendre son temps pour expliquer les choses, ne pas être être pendu au fil AFP comme un âne devant sa carotte et surtout ne pas faire des articles ou des dossiers parce que les « grands médias » en parlent. Laissons ces crétins se parler entre eux et faisons une information différente ! Paul Nizan disait que la lutte se joue entre ceux qui persuadent les gens que tout va bien et tout ira bien et les autres. : Les durs à persuader.2 Nous décidons d'être dans le camp des durs à persuader et de combattre la croyance que si le monde appliquait à la lettre la vision des puissants tout irait pour le mieux. Nous ne sommes pas dupe, si les puissants crient haut et fort que tous les problèmes sont dus à quelques personnes foncièrement méchantes et non à un système dont ils invoquent la pleine application, ce n'est pas pour un hypothétique bonheur collectif, mais bien pour jouir pleinement et sans entrave de leurs privilèges. Les médias sont la poudre qui permet à la balle de nous tuer ! Inventons notre poudre et nos balles.

Tout ça est bien joli mais qu'est ce que ça donne concrètement ? Quelque chose de pas très fixe à vrai dire. Le but étant de pouvoir écrire sur beaucoup de sujets avec le moins de contraintes possible, le format du blog m'a semblé bien adapté. Ce n'est pas un défouloir mais un espace où j'espère partager mes analyses. Voilà en quelques mots l'intention et la vision que j'ai de ce blog. Il est évident que tout cela se fera et se modifiera avec le temps mais j'espère participer à informer et inciter à la réflexion. Si ce que je publie vous apporte, du rire, du dépit, de la rage, de la tristesse ou même l'envie d'aller aux toilettes, j'en serai très heureux. Voir, réfléchir, partager.

Bonne lecture !!!

1J.Baschet, la civilisation féodale, 2006. p419-420

2Paul Nizan, les chiens de garde, 1932. p114

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