Manifeste Nuit Debout ou comment déclencher une révolution douce et non violente
"Dans quel monde vivons-nous ? On a en marre, il faut que ça change…"
Ce constat est partout partagé. Mais marre de quoi, et changer pour quoi ?
Le 11 janvier est une journée que je n’oublierai jamais. J’ai pris conscience qu'il existerait en France une majorité silencieuse, tolérante, n’ayant pas peur du monde et ne demandant qu’une chose, justice et fraternité. Vivre mieux, ensemble. Cette folle espérance, je la retrouve chez Nuit Debout avec cette foule anonyme et bigarée qui ne partage qu'une chose : vouloir changer de monde. Seul problème : on ne sait pas comment s'y prendre.
Je voudrais ici contribuer au débat en proposant une ébauche de méthode qui permettrait, en suivant différentes étapes, de concrétiser le changement qu'appel ce rassemblement, en deux temps : d'abord la rédaction d'un manifeste, puis son application.
Quelques réflexions de départ :
- La loi ne peut pas tout : le problème n'est pas le règlement mais le comportement. Les "décideurs" sont des humains comme vous et moi, des changements de société fondamentaux peuvent être initiés sans recours au politque.
- Nous partageons un socle commun : nous défendons une société tolérante, respectueuse des autres et de notre environnment, ici et ailleurs. Nous nous sentons profondément Européens et nous pensons que l’Europe n’est pas un problème mais une partie de la réponse.
Objectif de la proposition :
- Notre objectif serait de parvenir à rédiger une liste de 10 propositions concrètes, documentées et applicables immédiatement, sans coût supplémentaire, et qui pourrait fédérer une majorité jusqu’ici silencieuse de citoyens. Ce document constituera le Manifeste Nuit Debout.
- Les destinataires de ce Manifeste sont "ceux qui peuvent" : hommes politiques, chefs d'entreprises, journalistes.
- La méthode permettra à chaque citoyen volontaire de participer à la rédaction de ce manifeste, puis à son application.
Premier temps : rédiger le Manifeste Nuit Debout
- Phase 1 : collecte des propositions - mai 2016
Une plate-forme en ligne permet de collecter les différentes propositions qui surgiront des débats ou de réflexions personnelles. Ces propositions sont rédigées par des "rédacteurs", et l’inscription pour devenir rédacteur de propositions est ouverte à tous. Chaque rédacteur peut publier 10 propositions maximum.
Une proposition doit respecter les règles suivantes :
- être concrète et accompagnée d'un objectif à atteindre que l'on pourra évaluer
- être applicable immédiatement
- être à coût contrôlé : le budget nécessaire doit être estimé, et chaque dépense accompagnée d'une proposition d'économie équivalente
- être constructive : un document de référence (étude universitaire, article d’un journal, rapport d’un think tank) permettra au lecteur d'approfondir la réflexion
- être acoompagnée de mots-clés (tags) judicieusement choisis (il est possible de créer son propre tag si aucun ne parait adapté).
A l’issue de cette phase : les propositions seront collectées sur le site mais non publiées.
- Phase 2 : validation des propositions - juin 2016
Pour cadrer le débat et filtrer les propositions, un jury aléatoire de modérateurs validera ou non la publication de la proposition sur le site. L’inscription pour devenir modérateur de propositions est ouverte à tous. Chaque rédacteur est modérateur, mais on peut être modérateur sans être rédacteur. La méthode est simple : pour être validée, la proposition doit être sponsorisée par 100 modérateurs. Un modérateur souhaitant modéré ne peut pas choisir la proposition qu'il note : la répartition est aléatoire.
A ce stade, un modérateur ne juge pas le contenu de la proposition, il se contente simplement de vérifier que les règles précédemment décrites sont bien respectées. En cas de refus, le modérateur justifie en commentaire la raison de ce refus, permettant ainsi à l’auteur de la proposition de la retravailler.Une proposition est validée si elle est sponsorisée par 100 modérateurs. Une proposition est retirée si elle est refusée par 500 modérateurs.
A l'issue de cette phase, toutes les propositions (retenues ou non) ainsi que les commentaires sont publiées sur le site.
- Phase 3 : fusion des propositions - juillet/aout 2016
Les propositions validées doivent être triées, rassemblées et améliorées.
Sur la base des tags proposés par les auteurs de la proposition, un premier tri automatique est réalisé. Les modérateurs peuvent alors identifier des propositions similaires ou complémentaires, et proposer à leurs auteurs de rassembler leurs propositions en une seule. Les auteurs peuvent alors échanger et se mettre d’accord sur une nouvelle proposition commune, qui remplacera les deux précédentes et sera signée par l’ensemble des auteurs. En cas de désaccord, les auteurs peuvent demander l'intervention d'un facilitateur, sélectionné aléatoirement par la plate-forme et validé par les auteurs, qui d'orienter la réflexion en appliquant la méthode de décision par consentement ("personne ne dit non").
A l’issue de cette phase, seules les 100 propositions rassemblant le plus de rédacteurs seront retenues.
Phase 4 : vote populaire, premier tour - septembre 2016
Chaque citoyen est appelé à sélectionner les propositions qu’il soutient parmi les 100 restantes. Les inscriptions sont libres, les votants anonymes.
A l’issue de cette phase, les 30 propositions les plus populaires seront retenues. Les identifiants des votants seront publiés pour permettre à chacun de vérifier si son vote a été comptabilisé.
Phase 5 : rédaction du manifeste de 10 propositions - octobre 2016
Les auteurs des 30 propositions retenues se réunissent physiquement pour finaliser leurs propositions, et identifier des personnalités publiques pouvant les soutenir. Ces réunions sont publiques et ouvertes à tous. L'un des objectifs de cette phase sera de dresser la feuille de route avec "ceux qui savent" pour leur réalisation concrète : identifier ce qui bloque, pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt et comment contourner ces problèmes.
Sur candidature libre, un rapporteur est élu à la majorité absolue par les auteurs de la proposition : il se charge de livrer la version finale de la proposition, qui devra être validée aux 2/3 par les auteurs de la proposition.
Phase finale : vote populaire, second tour - novembre 2016
Les 30 propositions finales sont alors soumises à un nouveau vote.
Les 10 propositions les plus populaires seront sélectionnées et composeront le manifeste Nuit Debout.
Second temps : faire appliquer ce Manifeste
A cette étape, ce Manifeste devrait constituer une liste de 10 revendications, concrètes, réalistes, applicables immédiatement, auxquelles une majorité de français devrait adhérer. Dès lors, comment forcer « ceux qui peuvent» à changer de comportement ?
La réponse est simple : plus nous serons nombreux, plus nous pourrons forcer ce changement.
L'appel Nuit Debout sera celui de la manifestation : chaque citoyen adhérent au contenu de ce Manifeste seront invités à le signer et à exprimer visiblement leur soutien. Objectif : montrer à « ceux qui peuvent » que nous sommes majoritaires et qu’il est temps de changer.
Commence alors la révolution douce. L'objectif est simple : l'action doit durer et rester populaire. Ainsi, plutôt que de bloquer le pays ou de sombrer dans une violence contre-productive, soyons malins et sournois et adoptons le même comportement que ceux qui nous combattons : respectons la loi sans en respecter l'esprit. Il faudra ainsi trouver des idées astucieuses pour que l’action soit visible et reconnue implicitement mais sans possibilité de sanctions. Ces actions seront synchronisées un jour par semaine, par exemple le vendredi (un malencontreux problème technique pourrait empêcher un salarié de travailler, une migraine justifier un arrêt maladie, les contrôleurs RATP ou SNCF pourraient s'étonner de ne rencontrer que des clients honnêtes, les guichets banquaires pris d'assaut pour des retraits de minuscules montants, ... ). Les possibilités sont innombrables, un forum permettra de s’échanger les idées.
En parallèle, tous les dimanches, des rassemblements festifs dans toute la France permettront de rester visible.
Sans réaction du pouvoir politique et économique en place, on ajoute chaque mois une journée d’action supplémentaire (on commence le vendredi, puis on ajoute le jeudi, puis le mercredi, ..), jusqu’à un blocage généralisé.
Cette proposition est évidemment participative, n'hésitez pas à la partager et à la commenter !
Salut et Fraternité,
Félix
contact : felix@manifestenuitdebout.fr