Symbole du backlash réactionnaire suite à la mobilisation sociale
Ce processus constitutionnel démarre en 2019 quand un mouvement de contestation sociale massif s’empare des rues du pays pour s’opposer au système économique néolibéral en place et à la précarisation de la vie, soutenus par la Constitution actuelle issue de la dictature militaire d’extrême droite de Pinochet. Une première proposition de Constitution, écrite par une Convention assez à gauche et indépendante des partis politiques, consacre de nombreux droits sociaux, féministes, écologiques et en faveur des peuples autochtones, inédits au Chili et dans le monde.
Face aux attaques de la droite, la proposition est rejetée et s’ouvre un nouveau processus antidémocratique et contrôlé par les partis de droite et d’extrême droite, dont est issue la proposition actuelle.
Les droits sexuels et reproductifs en danger
La nouvelle proposition veut consacrer “el derecho a la vida de quien está por nacer” (le droit à la vie de l’enfant à naître) et ainsi s’opposer à la loi de 2017 sur l’IVG en cas de viol, de risque pour la vie de la mère et de non-viabilité du fétus (l’avortement est seulement légal dans ces trois cas au Chili).
En outre, elle inscrit l’objection de conscience au niveau constitutionnel, ouvrant ainsi la porte à de nombreuses pratiques dangereuses pour la santé sexuelle et reproductive de toustes : refus des centres de santé de fournir des services d’interruption de grossesse, de stérilisations, des méthodes contraceptives (dont pilule du lendemain) et de soigner les personnes LGBTQIA+.
Une nouvelle Constitution qui profiterait seulement aux riches
La proposition constitutionnalise le système de retraite AFP par capitalisation individuelle, privatise de nombreux services (eau, éducation, droit au logement, etc.) et met en danger le système de pensions alimentaires dont dépendent 165 000 familles dans le pays. Les femmes et minorités de genre seront les premier·es touché·es par cette précarisation générale de la vie.
Une menace générale contre les droits fondamentaux
La proposition rejette le droit aux soins et les relègue à la sphère familiale, où les femmes s’en chargent en grande majorité, et ne reconnaît pas le travail domestique. De plus, elle échoue à considérer les enfants comme des sujets de droit et délègue toute autorité sur elleux aux parents, alors même qu’une grande partie des violences physiques, sexuelles et psychologiques ont lieu au sein du foyer familial.
De manière plus générale, aucune garantie pour une vie libre de violence de genre et pour une égalité substantielle entre femmes et hommes n’est inscrite dans le texte constitutionnel.
Solidarité internationale avec les féministes chilien·nes en lutte
Les mouvements féministes et LGBTQIA+ constituent une force politique incontournable depuis 2018 au Chili. Les femmes et minorités de genre ont participé massivement aux manifestations de l’estallido social et à la grève féministe du 8 mars 2020 qui a réuni 2 millions de personnes dans la capitale dans un pays de 20 millions d’habitants !
Ces luttes féministes sont très connectées avec les militantismes écologiques, populaires et indigènes. En 2020, la chanson “Un violador en tu camino” a fait connaître au monde entier la puissance du féminisme chilien. Les militant·es féministes et queer sont aujourd’hui dans la rue pour dénoncer le fait que “la nouvelle constitution proposée n’est pas seulement pire que l’actuelle : elle représente un danger pour les femmes et minorités de genre”.
Solidaires de nos camarades chilien·nes, nous appelons à rejoindre toutes les initiatives de soutien aux féministes chilien·nes et contre la proposition de Constitution soumise au vote le 17 décembre. Ici comme là-bas nous devons nous défendre contre le danger de l’extrême droite. Organisons-nous et luttons pour la défense de nos droits fondamentaux !