En décembre 2024, le nom de Lily Phillips a enflammé les réseaux sociaux. Cette jeune créatrice de contenu pour OnlyFans, âgée de 23 ans, s'est lancée dans un défi sordide : coucher avec 100 hommes en une journée.
Un « challenge »immortalisé dans un documentaire, accessible sur YouTube, qui a déjà été visionné plus de 9 millions de fois. On y voit Lily Phillips se préparer à ce qui n'est rien d'autres qu'une négation de la dignité humaine, tandis que 100 hommes comptant parmi ses abonnés, sélectionnés par son équipe de 9 personnes, racontent le parcours qu'ils ont effectué pour avoir une relation sexuelle de 5 minutes avec elle. Leurs visages floutés, ils confient leur excitation et leur obsession. Au rang de ces 100 hommes figurent des étudiants, des retraités ainsi que des jeunes hommes qui n’ont jamais eu de relations sexuelles. C’est une véritable tragédie car l'acceptation en toute légalité d'une telle abjection vient cautionner chez certains, spectateurs de OnlyFans ou non, une déshumanisation de la femme. Ce type de mise en scène ne fait qu'encourager une culture qui fait du corps de la femme un objet, et en conséquence, normalise le viol.
L’image la plus effrayante qui reste est celle de Lily Phillips, en larmes, tremblante, écrasée par ce que l'on devine être un traumatisme indélébile et prenant conscience qu’elle vient de subir les sévices sexuels de 101 hommes en une journée alors que le caméraman ne peut retenir un haut-le-cœur en entrant dans la pièce.
Dans ses interviews, elle évoque clairement un état de dissociation dès le vingtième homme, elle parle aussi de souffrances physiques sans compter le risque de MST auquel elle s’est exposée.
Plus grave encore, Lily Phillips a annoncé vouloir renouveler cette expérience, cette fois avec 1 000 hommes en 24 heures.
Malgré son consentement, un tel agissement ne devrait pas être accepté : nous devrions condamner ses actes, tout comme ceux des 101 hommes ayant participé à cette expérience de la débauche.
Si nous ne mettons pas un terme à ces abominations, nous acceptons que les créateurs de contenu de la plate-forme OnlyFans, et d'autres, fassent du non-respect de la dignité humaine, une source de revenu. Lily Philips s'est vue surpassée dans l'abjection par Bonnie Blue, une autre créatrice de contenu de la plateforme, qui, il y a quelques jours, a entrepris d'avoir des rapports sexuels avec plus de 1 000 hommes en 24h.
Cette abomination ne manque pas d'attirer l'attention des médias. Des journaux comme The Sun et The Daily Mail, ou même des podcasts, tous oscillent entre indignation et voyeurisme, entre dénonciation et exploitation.
Comment avons-nous pu en arriver là ? Comment pouvons-nous accepter que la dignité humaine soit à ce point niée aux yeux de tous sur un réseau social et dans le même temps s'étonner que le viol soit pour certain tout ce qu'il y a de plus normal ?
Il s'agit de reconnaître une réalité glaçante : ces jeunes femmes ne sont pas des modèles de libération sexuelle, de femmes libres ou encore des « femmes d’affaires » ; elles alimentent la culture du viol. Pire encore, les réseaux sociaux tels que YouTube cautionnent et amplifient la perpétuation de ce système de croyance qui ronge et dévaste comme un cancer la société tout entière.
D'autres êtres humains se sont vu nier leur condition d'humain dans l'histoire, et réduire à des objets sans droit. Cela a donné l'esclavage, ou encore les lancers de nains. Il est de notre devoir de dire stop. Ce qui se passe sous nos yeux est une transgression inacceptable de la dignité humaine. Il est temps de demander des comptes aux responsables, la plateforme OnlyFans, Youtube, les créatrices de ces contenus, et toute personne, homme ou femme, qui y participe.
Certains invoquent le libre arbitre : "Elle fait ce qu'elle veut de son corps". Accepterions-nous qu'une personne demande à se faire poignarder par 100 personnes, et que 100 personnes accèdent à cette demande, le tout en étant filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, sous prétexte qu’il y a consentement de la victime ?
L’urgence d’une législation pour protéger la dignité humaine de la femme
Nous devons réagir pour empêcher de telles dérives. La dignité humaine de la femme et à l'égale de celle de l'homme, et ne doit sous aucun prétexte être annihilée, bafouée, sous quelque prétexte que ce soit, y compris celui qui viendrait à le justifier par le consentement de la personne concernée.
Les plateformes qui permettent la diffusion de ces contenus doivent être tenues pour responsables pour complicité de torture et de traitements inhumains ou dégradants en vertu de l'article 5 de la déclaration universelle des droits de l'homme, en vertu de l'article 7 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vertu de l'article 3 de la convention européenne des droits de l'homme, en vertu de l'article 1 de la charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne.
Il est impératif d'agir pour éviter que de telles horreurs ne se reproduisent et ne deviennent des références d'une forme de normalité. Comment espérer que nos enfants respectent le corps des femmes et leur corps lorsque les réseaux sociaux promeuvent de tels agissements comme s'il s'agit d'un divertissement ? C’est notamment cette banalisation qui ouvre la voie aux agressions, aux violences sexuelles et aux viols.
Lily Phillips et Bonnie Blue se rendent coupables de non-respect de la dignité humaine et d'apologie de ce non-respect. Toutes les personnes qui participent sont co-auteurs ou complices.
Il est temps d’agir pour protéger la dignité humaine, celle de la femme en l'espèce.
Tribune proposée par Femmes avec… :
Muriel Reus, Présidente et Fondatrice
Rosalie Mann, Vice-Présidente Développement et Financement
Catherine Ibled, Vice-Présidente Relations Institutionelles