Aujourd'hui, je n'ai pas beaucoup consulté les médias ni trainé sur les réseaux sociaux comme je le fais d'habitude. Je vais donc en profiter pour faire un petit retour en arrière sur la campagne telle qu'elle s'est déroulée jusqu'à présent pour vous présenter où j'en suis actuellement. Je ne me considère ni comme sympathisant LR, ni comme sympathisant PS, c'est pourquoi je n'ai participé à aucune des primaires. Beaucoup de personnes ont décidé d'intervenir dans ces élections pour des raisons stratégiques, pour faire barrage à MM. Sarkozy et Valls ainsi que parfois pour désigner le ou la candidate qui leur semblait la plus à même de battre Marine Le Pen au second tour de l'élection. Ce n'est pas mon cas ; que chaque camps désigne le candidat le plus à même de porter ses idées me parait une base assez essentielle pour une démocratie représentative fonctionnelle. De plus, je suis assez mal à l'aise avec le principe des primaires. On pourrait presque les considérer comme une sorte de premier-premier tour de l'élection qui serait payant... ce qui est d'autant plus vrai quand ces primaires sont une occasion pour les partis de brasser large en invitant l'ensemble des sympathisants "de gauche" ou "de droite et du centre" à y participer.
J'ai été agréablement surpris par la victoire de Benoît Hamon aux primaires du PS (et alliés) alors qu'il a fait campagne face à un Manuel Valls solidement épaulé par François de Rugy et Sylvia Pinel qui ont attaqué Benoît Hamon sans relâche sur le revenu universel. Cette idée, centrale dans le projet de M. Hamon, ne me plait pas beaucoup mais j'ai admiré comment il l'a défendue face à des candidats uniquement présents pour le torpiller et lui faire perdre son temps de parole en justifications. Des candidats qui ont d'ailleurs refusé d'appuyer sa candidature par la suite, remettant ainsi en cause l'intérêt même des primaires. Pourtant Benoît Hamon ne m'a pas convaincu. Je ne crois pas qu'il ait une stratégie bien claire pour lui permettre d'appliquer son programme et, soit il est naïf concernant les difficultés qu'il rencontrera pour appliquer un programme économique de gauche, soit il en est très conscient et c'est un cynique qui comme Hollande mènera une politique tout à fait différente de celle pour laquelle il a été élu. Je vous laisse juger de sa sincérité, pour ma part j'aurais du mal à le trouver totalement malhonnête.
Jean-Luc Mélenchon me plait davantage. Il a une stratégie claire et crédible pour appliquer son programme et pour tenir tête à l'Eurogroupe. Par contre, sa vision de la citoyenneté et de la diplomatie ne correspond pas à ce que j'attends d'une gauche libre. Pour moi, la gauche radicale française devrait être profondément pacifiste, antimilitariste, altermondialiste, antiraciste et féministe. Je ne pense pas que M. Mélenchon soit opposé à tout cela mais dans ces questions il y a l'approche de ceux qui considèrent que la défense des opprimés suppose qu'on leur reconnaisse des qualités et expriences spécifiques pour comprendre comment fonctionne concrètement l'oppression qu'elles subissent, et ceux qui prônent un traitement égalitaire devant une république aveugle. Le jacobinisme de M. Mélenchon le fait pencher, je crois, vers la seconde catégorie ce qui le rend peu populaire au sein des associations les plus combatives de la société civile. De même, sa position sur le conflit russo-ukrainien ne me satisfait pas du tout. Comment être internationaliste sans soutenir pleinement de l'ONU et appliquer le droit international sur les questions guerrières ?
Le NPA que Philippe Poutou représente est quant à lui plus proche de la société civile sur les questions de défense des minorités de par sa proximité historique avec les mouvements de l'antiracisme politique, du féminisme et du syndicalisme de lutte. Ceci dit, je me retrouve moins dans le programme du NPA que dans celui de la France Insoumise sur bien d'autres aspects. Et puis, si je ne jette pas la pierre à un parti qui a besoin de se faire connaître en participant à la première manifestation politique du pays, le NPA n'a pas pour objectif la prise de pouvoir en remportant l'élection présidentielle. C'est un parti véritablement anti-système mais alors pourquoi mettre des bâtons dans les roues des camarades réformistes qui tentent sérieusement d'être élus ? Cela retarderait-il tant la révolution que de laisser le pays aux mains de personnes capables de limiter la casse sociale ? Mais c'est un autre débat...