Festival convivial, savant et tout public, Allez Savoir est une invitation à penser, à débattre avec les sciences sociales et leurs outils ; à rencontrer des chercheurs, des écrivains, des artistes, qui s’efforcent de penser autrement un sujet de débat public. Rendez-vous du jeudi 26 au dimanche 29 septembre 2024 sur le thème obéir/désobéir pour pour la cinquième édition intitulée "Des obéissances".
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Obéir, désobeir
L'édito de Romain Huret, Président de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Il n’est sans doute pas de lieu plus idéal que la ville de Marseille pour accueillir ces balades en désobéissance dans le cadre de l’édition 2024 du festival Allez Savoir L’obéissance et son revers, la désobéissance, ont toujours fait partie des grandes interrogations des sciences sociales. Doit-on obéir en temps de guerre ? Faut-il respecter des lois moralement injustes ? Est-on soumis à un devoir de réserve ? Un État peut-il lever un impôt pour des actions moralement injustes ?
En choisissant ce thème, j’avais dans un coin de la tête mon terrain de recherche états-unien. On doit au grand philosophe Henry David Thoreau l’invention au XIXe siècle du concept de « désobéissance civile ». Protestant contre un État qui légitimait alors la guerre et l’esclavage, il refusa de payer ses impôts au nom d’un droit moral et religieux à la désobéissance. Si la loi est injuste, écrivait-il, je peux désobéir même si je risque d’être emprisonné, et Thoreau passa du temps en prison. De Gandhi à Martin Luther King Jr., cette désobéissance civile a eu une longue postérité et elle a nourri les grands mouvements de libération du XXe siècle. Des militantes et militants écologistes ou féministes, dont les actions spectaculaires sont souvent des actes de désobéissance, on trouve de nombreux échos contemporains.
De la philosophie à la sociologie, en passant par l’histoire ou encore l’anthropologie, les sciences sociales ont pris le relais de ces actions. La croissance de gigantesques organisations et de l’État a démultiplié ces questionnements jusqu’à aujourd’hui. La crise démocratique et la fragilité des corps intermédiaires conduisent de plus en plus d’individus à remettre en cause la légitimité des institutions et de l’obéissance. Si ces dernières sont perçues comme corrompues ou inefficaces, n’est-on pas en droit de désobéir ?
Pendant quatre jours, le festival Allez Savoir vous donnera de multiples occasions de participer à cette réflexion sous les formes les plus variées et inventives qui soient. Obéir ou désobéir ne va jamais de soi, et s’interroger sur les raisons qui nous conduisent à faire l’un ou l’autre nous plongent au cœur même de la citoyenneté. Un très bon festival à toutes et tous !
Près de 50 événements en entrée libre et gratuits : débats - tables rondes, projections, performances, jeux en famille, ateliers pédagogiques, balades, rencontres au musée…
Le programme : https://www.allez-savoir.fr/