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Billet de blog 31 mars 2025

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À table ! Partagez vos menus de fête

À l’origine objet de la gastronomie bourgeoise, le menu s’est imposé au XXe siècle sur les tables lors des fêtes familiales. Il est un précieux souvenir autant qu'une formidable source d’histoire. Vous êtes invité.e, dans le cadre du Festival d’Histoire populaire, à fouiller dans vos archives pour faire découvrir vos menus de fête et partager un morceau de votre histoire familiale et culinaire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Annoncer la liste des mets dont les invités vont se régaler sur un papier cartonné n’est pas une habitude très ancienne. Apparu au XVIIIe siècle, le menu en tant que document indiquant les plats est d’abord un guide pour le personnel de cuisine : c’est un écrit utilitaire. Il faut attendre le milieu du siècle suivant pour que, dans les réceptions et les restaurants bourgeois, on commence à l’imprimer et à le déposer devant chaque convive. L’appétit vient en lisant ! On prête de plus en plus attention à l’intitulé des plats, mais aussi à la forme du menu, à sa graphie, à son décor. Le menu permet ainsi à chacune et chacun de connaître en détail et à l’avance la composition du repas : un bon moyen de ménager sa gourmandise et de se garder pour la suite en fonction de ses préférences. Rapidement, le menu devient aussi un support publicitaire pour les restaurants qui, grâce aux progrès de l’industrie de l’imprimerie, peuvent faire apparaître sur leurs menus la façade de leur établissement ou un signe distinctif et reconnaissable par toutes et tous. Au XXe siècle, l’utilisation du menu pour les réceptions privées, auparavant réservée aux notables et à la bourgeoisie, se répand dans toutes les couches de la société française. Il n’est bien sûr pas utilisé pour les repas quotidiens, mais participe à rendre solennelles les réjouissances qui accompagnent les événements importants de la vie, les fêtes religieuses et les retrouvailles familiales. Il est incontournable sur les tables de fête après la Seconde Guerre mondiale. Souvent, on le garde en souvenir de ces festivités éphémères.

Illustration 1
Menu de baptême de ma mère Florence, 6 février 1954

Menu de baptême de ma mère Florence, 6 février 1954, Seine-et-Marne. Ce menu est écrit au crayon sur un support en porcelaine d’environ 12 cm de haut. Ma grand-mère l’a soigneusement gardé, comme beaucoup de choses ! Brochet Florence (en l’honneur du bébé qui avait à peine trois semaines !), puis deux viandes : tout cela me paraît bien copieux. On retrouve l’intérêt tout relatif de ma grand-mère pour les légumes et sa passion pour la glace Plombières.

Illustration 2

Anniversaires de Jacques (70 ans) et de sa filleule Sylvie (4 ans), 21 janvier 1968, Manche. Simone, Jean et leurs enfants habitent trop loin et n’ont pas participé à la fête, mais l’un des convives a tenu à leur envoyer le menu avec un petit mot d’affection et, au dos, les signatures de tous les présents. L’un d’eux précise « souvenir d’un repas formidable ». Vu le ton du menu, on a dû bien rigoler !

Le menu n’est finalement pas qu’une liste de plats : c’est aussi une représentation de la vie culturelle, sociale et économique des personnes qui l’ont composé et rédigé. Il témoigne de l’évolution des pratiques alimentaires. On y devine la fin de l’opulent service aristocratique au tournant du XXe siècle, la frugalité des repas de l’immédiat après-guerre, l’intérêt pour une cuisine plus saine et moins riche au tournant des années 1970 ou encore l’apport des cuisines d’ailleurs. On y reconnaît des modes et des traditions familiales, à la fois dans le choix des mets, dans les mots qui les désignent et dans la forme matérielle qu’il prend. On y retrouve l’importance de l’art culinaire pour tous les Français dont le repas gastronomique a été inscrit en 2010 au Patrimoine immatériel de l’UNESCO. Faire l’histoire des menus, c’est dresser le portrait d’une société dans sa pluralité.

Illustration 3
Menu de mariage de Micheline et Pierre, le 8 janvier 1949
Illustration 4

Il s’agit du menu du mariage de mon grand-père et de ma grand-mère. Il a eu lieu à Darnétal (76) : Pierre est alors ouvrier dans une usine d’impression sur tissu et il vient juste d’avoir un accident du travail à la main (un rouleau lui est passé dessus) et Micheline travaille dans une blanchisserie. Le menu, rédigé à la main, comprend plusieurs jeux de mots : « La langue qui a menti », c’est une langue de bœuf (sans doute sauce piquante) ; « la mousseline de Pierre », c’est du poisson sauce mousseline ; « Le sourire de Pierre et Micheline », c’est le « trou normand » ; « delice Brayon », d’où vient Pierre (le pays de Bray), cela correspond au fromage de Neufchâtel…

Le Festival d’Histoire populaire souhaite mettre à l’honneur ces témoins de la mémoire familiale lors de sa prochaine édition consacrée à la fête, du 22 au 24 mai 2025. Plongez dans vos souvenirs, fouillez dans vos tiroirs pour ressortir le menu de votre mariage, celui des 80 ans de Mémé ou celui du réveillon 1956 ! Partagez vos histoires lors de ce festival qui propose une quarantaine d’activités entièrement gratuites pour toutes et tous !

À partir de vos images scannées, un livre d’or des menus de fête de France sera réalisé. Tous les noms de famille seront rendus illisibles. Plusieurs exemplaires du livre d'or seront disponibles à la consultation le temps du festival. Aucun usage commercial ne sera fait de vos images. Une version numérique du livre d’or sera envoyée aux contributeurs et contributrices, sauf s’ils s’opposent à ce que leur menu y apparaisse.

Pour participer à ce projet collectif :

- choisissez un menu issu de vos archives familiales. Seuls les menus de fêtes privées, qu’elles se soient tenues à la maison, dans une salle louée ou au restaurant, font l’objet de cette collecte (pas de cartes de restaurants, pas de menus de repas d’associations).

- scannez en haute définition les deux faces du menu de votre choix.

- envoyez-le, avant le 1er mai 2025, à menusdefetes@gmail.com (adresse spécifique à l’événement) en précisant si possible :

            - l’occasion de la fête

            - la date de la fête

            - le lieu de la fête (département ou ville, voire lieu plus précis)

            - si vous acceptez ou refusez que votre menu figure dans la version numérique du livre d’or, envoyée uniquement aux contributeurs et contributrices.

Si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter 4-5 lignes pour partager l’histoire de ce menu et de ce moment de fête, vos souvenirs et vos impressions.

Si vous avez des questions : menusdefetes@gmail.com

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