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Billet de blog 5 juillet 2023

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LA FORCE D’ÊTRE UNE FEMME

AS I WANT, film de Samaher Alqadi, Égypte, Palestine, France, Norvège, Allemagne, 2017, 88’

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les mots « spoliation » et « diaspora » qui décrivent si bien la situation des Palestinien·nes sont lourds de sens. Ils font partie dans notre histoire d’un vocabulaire lié à la seconde guerre mondiale, comme « shoah », « occupation », « collaboration » ou « résistance », et font référence à la situation de personnes chassées, que l’on veut apatrides pour les rendre vulnérables. En filigrane derrière ces mots on retrouve le racisme, la domination de groupes humains et la perte d’identité. Fous ceux qui oublient leur passé !

Illustration 1

Au sein des groupes dépossédés de leur terre, il en est un qui subit une autre domination encore : celui dont on réduit les libertés au prétextes que ses membres sont des joyaux dont la place est à la maison, qu’ils doivent couvrir leur corps et parler bas… Ils, c’est elles.

Beaucoup de cinéastes palestiniennes font partie de la diaspora et sont confrontées aux événements touchant les pays qui les accueillent. Dans leur film, peut apparaître au détour d’une image le visage de Yasser Arafat. C’est du moins le cas dans celui de Samaher Alqadi, Palestinienne vivant au Caire, qui cherche avec les moyens du cinéma les raisons du silence qui a entouré le viol de femmes par de jeunes hommes au cours des grandes manifestations de janvier 2013 place Tahrir.

Le film est un objet hybride qui interroge la condition de femme dans un beau noir et blanc intimiste, ou un simili super8 pour évoquer les situations familiales passées, ou un filmage nerveux et bruyant au sein des manifestations de femmes. Parfois les images des soubresauts politiques sont vues du balcon, ou le film fait une pause pour parler avec des enfants d’une aire de jeux ou rendre hommage au père, à la mère… Et dans un acte radical, caméra à bout de main, la poursuite frontale des harceleurs.

Le mélange de supports visuels et la diversité des types de prises de vue sont particulièrement efficaces pour faire entrer le spectateur dans la multitude des injonctions et des violences faites aux femmes par les hommes au nom de la préservation d’une hypothétique pudeur dictée par le ciel.

De la pudeur ? Quelle hypocrisie ! Samaher Alqadi n’en a que faire lorsqu’elle répond à celui qui lui assène « Toi tu es sortie de la côte d’un homme » : « Non, mais toi tu es sorti du vagin de ta mère ! ».

Manuel Meïer

As I Want sera projeté dans le cadre du Zoom Palestine le samedi 15 juillet à 18h dans la grande salle en présence de la réalisatrice.

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