On se croirait dans les collines de l’Ariège et on se reconnaît dans les cueilleur·ses qui les fréquentent, sac à la main, et savent le goût des plantes sauvages dont iels vont se servir pour la préparation de leurs repas. Foragers raconte la colonisation à hauteur d’herbe.
Le film est beau. Il porte en lui un souffle de liberté, comme le vent passant à travers champs que ne parviennent pas à stopper les murs qu’on lui oppose.
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Car, nous devons être plein·es d’admiration pour l’imagination sans borne dont fait preuve le capitalisme et ses représentants, ici l’Etat d’Israël, pour privatiser le monde en général et le vivant en particulier. Dans la campagne palestinienne, son équation est d’une grande simplicité : confisquons leur terre aux autochtones, cultivons-y ce que la nature produit spontanément et qu’iels utilisent dans leur cuisine, interdisons-leur par la loi, sous un prétexte quelconque, ici par exemple des raisons écologiques, leur cueillette en pleine nature, et mettons en place une police et des tribunaux pour punir les contrevenant·es. Ce modèle peut s’appliquer partout et tente de s’imposer à tou·tes.
Le jeu du chat et de la souris entre policiers israéliens et cueilleur·ses palestinien·nes, que présente alors le film, exprime avec une certaine jubilation l’esprit de résistance d’un peuple qui tire les moyens de sa subsistance d’une terre dont il connaît intimement et sait utiliser les ressources. La légèreté du film est sa force. C’est en elle qu’il gagne l’efficacité nécessaire à montrer l’absurdité brutale de la situation.
Vous ne connaissiez pas le za’atar ni l’akkoub ? Ce sont des plantes qui poussent pleine nature sur les collines parmi beaucoup d’autres, sauvages, que l’on prépare dans les cuisines de Palestine en parlant de la vie qui passe, comme le film de Jumana Manna.
Manuel Meïer
CUEILLEURS (Foragers) sera projeté dans le cadre du zoom Palestine, le 13 juillet à 16h dans la grande salle