Au cimetière de la pellicule de Souleymane Diallo est projeté Samedi 6 juillet à 16h en petite salle
Le jeune Souleymane se lance à la recherche du premier film guinéen. Perche et bonnette dans le sac à dos, ou homme-sandwich en costume bleu, il se met en quête de lieux, de témoins, de pellicules des premiers temps du cinéma de son pays - cinéma dont il n’a jamais entendu parler au cours de ses études. C’est que l’histoire du cinéma porte la trace de l’histoire coloniale. Qui établit ce qui est digne d’être conservé? Après avoir écumé ce qu’il reste des salles de la Sily, c’est à Paris qu’il faut aller pour espérer trouver les précieuses bobines - Paris où le cinéma « La clef » est lui aussi menacé de disparition. L’aventure prend un tour quichottesque.
Souleymane Diallo met le cinéma du côté du spectacle plutôt que de la technique. Si les films sont mortels, il est toujours possible d’en faire avec une caméra de bois - comme l’avait fait Joris Ivens avec des étudiants à Cuba. Question avant tout de perception puis de récit, c’est-à-dire d’un corps engagé dans des relations. On pense à Talking about trees, du soudanais Suhaib Gasmelbari, diffusé à Résistances par le passé, qui suit de tout aussi rocambolesques vieillards rêvant les films qu’ils ont tourné et le retour d’une grande projection à Khartoum.
Mais quand il s’agit de proposer à des enfants de faire un film, ce sont les images de la violence qui surgissent. Façon de nous dire que la production audio-visuelle n’est pas morte, et qu’elle modèle les imaginaires dès le plus jeune âge. A l’uniformisation mondialisée des blockbusters répondent les bricolages comiques de Souleymane Diallo. Derrière les enjeux concernant les politiques d’archivage, il filme peut-être un basculement anthropologique plus profond concernant la disparition de la mémoire. La mémoire qui n’est pas un hangar rempli de pellicule mais la circulation de récits constitutifs d’une identité.

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