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Billet de blog 5 juillet 2025

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Les schizophrènes sont-ils des mystiques ou des dépossédés?

Dans le cadre de la programmation « Moi, fou, folle, sauvage… sous contrôle? », le festival Résistances proposait une séance interrogeant la relation entre religion et psychiatrisation.

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La séance de 14h du samedi 5 juillet proposait en deux films de s’interroger sur les relations complexes entre religiosité et troubles psychiques. 

« Tous les mystiques sont des schizophrènes »

Issu de la scène underground québécois, le réalisateur François Harvey est connu pour produire des films expérimentaux sous la bannière de Post-Grunge Productions. Dans le très beau et parfois très drôle Rencontre avec Robert Doyle, il nous invite à changer de regard sur les crises de délire. Selon Robert Doyle, qui parle de sa propre expérience, tous les mystiques sont des schizophrènes. Il a connu à 17 ans une expérience de révélation divine, qu’il identifie parfaitement comme un épisode de trouble psychique. Suivi de sa « nuit obscure de l’âme », pour reprendre St Jean de la Croix, avec 15 mois d’hospitalisation pour une crise de paranoïa aigüe. Ce qui est étonnant avec Robert Doyle, c’est que les croyances religieuses donnent du sens à son « délire », et lui permettent de s’inscrire dans une histoire, voire de revoir avec humour toute l’histoire des prophètes…

Délire de conversion

A l’inverse, dans Douvan Jou Ka Levé (Le jour se lèvera), Gessica Généus pointe une relation plus dramatique entre religion et santé mentale sur l’île d’Haïti. Coincés entre culte vaudou et protestantisme, plusieurs membres de sa famille connaissent des troubles schizophréniques importants. Les troubles de sa mère semblent notamment démarrer avec sa conversion. Dans ces cultes emmêlés, pour partie fruits de la colonisation, on se sait trop si la pratique religieuse est un délire collectif ou un soutien psychique dans une situation de pauvreté extrême. La religion semble participer d’un quête de blanchité (dans ses vêtements, ses cierges... ou son produit pour défriser les cheveux). Les atteintes à la santé mentale de la population pointent alors une autre cause : une histoire collective fracturée par la colonisation, et un métissage impossible entre une culture autochtone dominée et une culture coloniale désirée. Une schizophrénie historique en soi.

Illustration 1
L'univers crépitant du paisible Robert Doyle © François Harvey / Post-Grunge Productions

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